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affaires de banque faites dans le pays. Cela assura leur clientèle. Malheureusement leur nombre s’accrut après la loi de 1867 ; surtout elles se multiplièrent d’une manière déraisonnable dans la période d’agiotage, qui aboutit au krach de janvier 1882. En avril 1881, on ne comptait pas moins de 44 sociétés de crédit françaises et de 7 étrangères opérant à Paris[1]. Chaque financier en créait une pour servir de paravent à ses opérations plus ou moins avouables. La chute de l’Union générale, de la Banque du Rhône et de la Loire, du Crédit de France, du Crédit général français, amenèrent la liquidation d’un grand nombre. En 1886, il ne restait plus une seule des sociétés de crédit fondées de 1878 à 1882.

Le mouvement de reprise des affaires, qui s’est produit à partir de 1887, a naturellement fourni un aliment à l’activité des grandes sociétés, et un certain nombre de nouvelles se sont créées[2]. Au 1er janvier 1891, M. Fournier de Flaix dans la Revue des Banques donnait le bilan de trente-cinq établissements de crédit de ce type à Paris et de douze en province. Dans cette liste se trouvent les plus grandes sociétés et d’autres qui confinent aux agences financières (chap. ix, § 16). En général les nouvelles fondations n’ont pas été heureuses et se sont montrées peu viables ; même plusieurs anciennes sociétés ont sombré ou sont tombées dans une décadence incurable. En effet leurs frais généraux sont énormes. Une étude basée sur les bilans de 1891 établit que, dans les institutions de ce genre de second ordre, la proportion des frais généraux aux bénéfices bruts varie de 20,50 p. 100 à 51,9 p. 100, et la proportion des frais généraux aux bénéfices nets de 25,79 p. 100 à 107,94 p. 100. La conclusion qui s’impose, c’est que la plupart de ces sociétés de crédit, pour éviter la faillite, doivent se fusionner entre elles ou se laisser absorber par les

  1. Journal des Economistes de juin 1881 : Un côté de l’histoire financière contemporaine, le développement des institutions de crédit, par Blaise des Vosges.
  2. Nous ne comprenons pas dans cette liste la Banque de Paris et des Pays-Bas, parce qu’elle ne reçoit pas de dépôts du public et n’a pas de succursales en province. C’est une union de maisons de la Haute Banque de Paris, d’Amsterdam et de Genève, qui l’a constituée comme une sorte de syndicat permanent et un instrument commode pour les émissions.