Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/535

Cette page n’a pas encore été corrigée

banque ordinaire, et du Crédit foncier, qui déjà faisait de la banque et de la spéculation, concurremment avec les opérations hypothécaires pour lesquelles il avait été créé, s’élevèrent successivement la Société de Crédit industriel et commercial (1859), le Crédit Lyonnais (1863), la Société des dépôts et comptes courants (1863), la Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l’industrie en France (1864). Le gouvernement, qui jusqu’à la loi de 1867 devait autoriser les sociétés anonymes, donna les autorisations nécessaires, malgré la sourde opposition de la Haute Banque, autant par un libéralisme sincère chez l’Empereur que parce que ces nouvelles sociétés, en concentrant une grande quantité de capitaux épars, fournissaient un point d’appui aux souscriptions publiques des emprunts nationaux et aux conversions assez malheureuses faites à cette époque. Ces établissements, concurrement avec la Haute Banque, assuraient leur succès à l’avance par des arrangements avec le ministre des Finances.

La loi du 20 juin 1865, due à M. Emile Ollivier, qui naturalisa le chèque en France, contribua à répandre dans le pays l’habitude de déposer dans les banques les fonds libres ou capitaux disponibles au lieu de les garder enfouis dans des coffres-forts. En effet, avec le chèque, le déposant peut toujours facilement disposer de ses fonds. Un grand progrès dans la pratique de la banque fut ainsi réalisé et un champ nouveau s’ouvrit à l’action de ces établissements de crédit. Le Comptoir d’escompte eut le mérite de fonder un certain nombre d’agences à l’étranger, notamment en Chine, au Japon, en Australie, aux Indes, à Madagascar, ce qui est très utile au commerce national. Le Crédit Lyonnais a suivi cet exemple, principalement dans le Levant.

Pour bien apprécier le rôle que sont venus remplir ces nouveaux établissements, il faut remonter un peu en arrière et voir quelle était, il y a cinquante ans, la distinction entre la Haute Banque et les banquiers escompteurs ou de recouvrement. Un écrivain financier de l’époque l’exposait ainsi : [fin page514-515]