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La spoliation systématique des chrétiens par ces divers moyens et notamment par l’usure est présentée dans tous les traités du Talmud, non seulement comme un acte méritoire, mais comme un devoir strict de conscience[1].

Jusqu’à quel point l’éducation reçue par les Israélites de la classe élevée dans les lycées ou les gymnases et l’influence des milieux dans lesquels ils entrent atténuent-elles ces enseignements, qui constituent le fond non seulement des lectures de la synagogue, mais de toutes les traditions domestiques, c’est là un problème délicat quand il s’agit d’un Israélite pris individuellement. Il est certain que plus d’un s’en dégage et observe cette honnêteté naturelle, qui parle constamment au cœur de chaque homme. Il s’est d’ailleurs formé de nos jours un courant très fort dans le judaïsme pour rejeter le Talmud et parfois aussi malheureusement les traditions mosaïques. L’écrivain qui a le mieux étudié l’influence sociale du Talmud reconnaît lui-même que « les atroces exigences de la foi talmudique se sont considérablement mitigées chez les Juifs nés dans les classes intelligentes et dans les régions les plus éclairées de l’Europe[2] ». Mais, quand on porte ses regards sur l’ensemble de la société contemporaine et que l’on voit le Juif supplanter peu à peu les chrétiens, élever sa fortune sur leur ruine, attirer à lui partout l’empire de la Bourse, et dans certaines régions monopoliser le commerce, on se demande s’il ne faut pas chercher dans cette morale différentielle le secret de l’étonnante puissance qu’il a acquise dans tous les pays où il a conquis l’égalité des droits civils et politiques.

La question se pose d’autant plus que l’Europe occidentale

  1. Le trait suivant de l’enfance du jeune Libermann, devenu depuis chrétien et prêtre, montre comment cet enseignement est mis en pratique. « Un jour, le jeune Jacob fut envoyé par ses parents chez une voisine chrétienne, pour lui demander à changer une pièce de monnaie. Il se sentit inspiré de profiter de l’occasion, et sut faire glisser dans sa petite main deux sous habilement dérobés à « l’infidèle », conformément aux préceptes du Talmud. C’était là, à son sens, un acte de religion dont il aima ensuite à se glorifier, aux applaudissements de la famille et surtout de son chef, qui se plut à voir dans cette pieuse prouesse d’enfant un gage de futurs et plus importants exploits. » Vie du P. Libermann (Paris, Sarlit, 1878), p. 6.
  2. Gougenot-Desmousseaux, le Juif, le Judaïsme (2e édit.), p. 131.