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Leur faste ne dégénère jamais en prodigalité. Quelque riches qu’ils soient, toujours l’un ou l’autre de leurs enfants continue à s’occuper d’affaires, et on ne les voit pas, au bout de deux ou trois générations, liquider comme les maisons de banque dirigées par des chrétiens. Leurs filles ne vont pas non plus apporter dans des familles étrangères les monceaux d’or qu’ils ont accumulés. Nous avons dit combien éphémère était la fortune des Traitants et des Financiers de l’ancien régime. A peine étaient-ils parvenus, qu’ils mettaient un duc dans leur famille et faisaient de leur fils un grand seigneur. Avec cela, leurs trésors, dès la seconde génération, se dissipaient ou passaient dans des familles d’une tout autre condition et qui les faisaient très rapidement rentrer dans la circulation générale. Il en est tout autrement des hauts barons juifs contemporains. Tandis qu’autrefois la plupart des Israélites riches se convertissaient au christianisme, les Rothschild demeurent de stricts adhérents de l’orthodoxie israélite, et, à leur imitation, la Haute-Banque juive n’éprouve pas le besoin de se fondre effectivement dans les classes supérieures de la population chrétienne. Les relations mondaines établies entre elle et l’aristocratie européenne ne sont qu’un trompe-l’œil, auquel ni l’une ni l’autre partie ne se prend en réalité. Leurs alliances avec les chrétiens sont très rares, si ce n’est en Autriche-Hongrie, et là, au lieu de profiter au christianisme, elles ont plutôt pour résultat de faire absorber par la tribu juive les mauvais chrétiens qui les contractent. L’accumulation permanente d’une partie considérable de l’épargne publique par les grands financiers israélites a donc des conséquences sociales et économiques, qui, dans l’ancien régime, n’avaient point d’équivalent.

Mais il faut aller au fond des choses. Depuis des siècles, dans presque toutes les communautés juives, le Talmud a supplanté la Bible comme base de l’enseignement moral. Or le Talmud inculque l’idée que les obligations de la morale ne sont pas les mêmes entre Israélites et vis-à-vis des autres