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moins important d’opérations qui embrassent le monde entier.

La puissance financière des Rothschild se doubla de bonne heure d’une puissance politique, qui, pour n’être pas proclamée publiquement, n’en est pas moins effective. Nathan-Mayer avait compris l’intérêt qu’il avait à être toujours informé avant ses concurrents, et même avant les gouvernements, des événements financiers et politiques pouvant influer sur ses spéculations. Il avait organisé tout un service de courriers et jusqu’à des postes de pigeons voyageurs. C’est ainsi que, dit-on, il apprit à lord Aberdeen, le chef du cabinet, la première nouvelle de la révolution de juillet. Il entretenait des émissaires dans tous les cabinets : le chevalier de Gentz, le collaborateur perspicace mais si peu moral et toujours besogneux de Metternich, était à Vienne l’ami de Salomon de Rothschild et l’on comprend ce que pouvait être cette familiarité. Anselm Mayer, qui succéda à Francfort à son père le vieil Amschel, se fit une clientèle de tous les princes allemands régnant ou médiatisés ; la liste des prêts qu’il leur fit est l’explication de sa toute-puissance en Allemagne. Les gouvernements ont, du reste, consacré cette situation. En même temps que l’empereur François II créait les cinq frères barons du Saint-Empire, il nommait James de Rothschild son consul général à Paris et conférait la même fonction à Nathan-Mayer à Londres. Le fils de celui-ci fut créé baronnet.

En consentant à se charger d’un emprunt pour le roi Ferdinand Ier à Naples, les Rothschild exigeaient qu’il choisît pour ministre des finances le chevalier Medici, leur créature. En France, s’il faut en croire M. John Reeves, les Rothschild furent tout-puissants sous le gouvernement de Juillet en ce qui touchait la politique internationale. Ils se posèrent comme les arbitres de l’Europe et exigèrent en 1840 la chute de M. Thiers, dont la politique brouillonne menaçait