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les soumissionnaient a pu se multiplier dans une proportion géométrique.

Le 5 p. 100 français, par exemple, souscrit par les maisons Hope et Baring en 1817 à 57 fr., valait quelques mois après 65 fr. ; en 1818, il monta à 85 francs ; en janvier 1830, il était à 109 fr. 50. La Haute Banque revendait ces fonds au public au fur et à mesure que la plus-value acquise lui donnait confiance et que les progrès de la richesse générale permettaient à des capitaux de placement de se former. Elle réalisa des bénéfices analogues sur la plupart des emprunts émis par les divers gouvernements que nous avons énumérés. Elle a bien fait quelques pertes par la banqueroute de certains États ; mais presque toujours ces pertes ont été surtout supportées par les petits capitalistes (chap. x, § 4).

En inaugurant, pour payer les destructions de la guerre et plus tard les grands travaux publics, les grands emprunts en rentes perpétuelles et en en faisant un système par leur répétition quasi-périodique, les nations modernes ont constitué des accumulations de capitaux privés, tels que l’humanité n’en avait jamais connus et ils ont créé, en même temps, la puissance politique et financière de la Haute Banque.

Les transactions auxquelles donnèrent lieu ces emprunts, au moins ceux de l’Europe Occidentale, ont été généralement légitimes ; mais il n’en reste pas moins vrai, comme l’a fait remarquer l’auteur des Juifs, Rois de l’époque, que « la féodalité industrielle naquit de l’épuisement financier des États, comme la féodalité nobiliaire était née de l’asservissement de la race vaincue à la race conquérante ».

V. — Déjà s’annonçait la prépondérance financière de cette maison Rothschild dont on a pu écrire l’histoire sous ce titre :les Maîtres financiers des nations. Les Rothschild étaient des nouveaux venus à Londres. Ils sortaient de ces juiveries allemandes qui avaient conservé bien mieux les traits caractéristiques de la race que leurs coreligionnaires de Portugal et d’Italie[1]. Les Juifs hollandais établis en Angleterre

  1. John Reeves, the Rothschilds, the financial rulers of nations, (London, 1887).