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absolue pour le règlement des affaires commerciales et financières entre l’Europe et l’extrême Orient. On a vu la part qu’ils prirent aux souscriptions des premiers emprunts français. Presque tous les États de l’Europe, la Russie, les Pays Scandinaves, la Belgique, la Hollande, le Saint-Siège, le Portugal se servirent d’eux pour le placement de leurs emprunts. Plus tard, ils se lancèrent dans les affaires de l’Amérique du Sud, et c’est la confiance qu’ils inspiraient au public, avec lequel ils étaient beaucoup plus en contact que les Rothschild, qui a engagé tant de capitaux britanniques dans la République Argentine et l’Uruguay.

Quelle put être leur fortune au moment de leur grande prospérité : on ne le sait pas plus qu’on ne connaît actuellement celle des Rothschild. Mais le bilan qu’ils ont déposé le 14 novembre 1890 se chiffre par 24.770.032 liv. st. à l’actif (près de 620 millions de francs) et au passif par 20.963.300 liv. st. (près de 515 millions de fr.). On peut juger par là des capitaux énormes que remuent les rois de la Finance contemporaine.

La place d’Amsterdam, après la chute de Napoléon, avait recouvré son antique activité. La grande maison Hope, qui a liquidé seulement dans ces dernières années, prit, on vient de le voir, une part importante aux grandes émissions qui suivirent la paix ; elle introduisit la première les fonds russes sur les places occidentales. Amsterdam conserve toujours un groupe important de maison de Haute-Banque ; mais elle a passé à un rang secondaire, parce que le pays ne peut pas constituer de nouveaux capitaux comme l’Angleterre ou la France.

L’Autriche, qui jusqu’à la Révolution avait joui d’un crédit de premier ordre, avait été jetée dans les pires embarras financiers. C’est à peine si dans ces dernières années sa situation s’améliore (chap. x, § 5). Aussi Vienne est-elle la place où la Haute Banque juive s’est proportionnellement le plus enrichie. Là, comme à Londres et à Paris, les emprunts publics se succédaient avec une telle rapidité et dans de si grandes proportions que le capital initial des maisons qui