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57 fr., les six millions de rente 5 pour 100 que la loi de finances de 1816 avait mises à la disposition du ministre. Les banquiers parisiens étaient hors d’état de soutenir le gouvernement. Un emprunt par souscription publique émis en mai 1818 fut plusieurs fois souscrit ; mais les versements successifs ne purent être faits avec régularité et une crise de bourse s’ensuivit. Ce fut la grande maison Hope, d’Amsterdam, qui, en s’associant avec les Baring de Londres, se chargea de tous les premiers emprunts de la Restauration à des taux qui s’élevaient au fur et à mesure que le crédit public se relevait[1]. Les banquiers parisiens Hottinger, Baguenault et Delessert figurèrent seulement comme participants dans le syndicat formé par les Hope pour l’emprunt de 1821.

M. de Villèle, en s’adressant aux Rothschild pour l’emprunt 5 pour 100 de 1823, obtint des conditions bien supérieures à celles des Hope et à celles qu’avaient pu faire les banquiers français. Désormais les Rothschild eurent jusqu’au second Empire le monopole de nos émissions de rente ; ils y associaient plus ou moins les maisons françaises[2]. Ils introduisirent en même temps à Londres et à Paris des emprunts napolitains, autrichiens, portugais, grecs.

Au premier rang des maisons anglaises de cette époque étaient les Baring, qui, après cinq générations de grands banquiers, viennent de s’effondrer en 1890. Deux frères de ce nom, petits-fils d’un pasteur des environs de Brème, fondèrent une maison de banque à Londres en 1770. Ils prirent une grande part à la direction de la Compagnie des Indes et, par leur alliance avec les Hope d’Amsterdam, ils acquirent une prépondérance presque [note 3 de bas de page[3]]

  1. 52 fr. 50 — 55 fr. 80 — 61 fr. 50 — 64 fr. 50 — 67 fr. 50 pour les emprunts en rentes 5 p. 100 émis en 1817 et 1818, — 85 fr. 55, pour l’emprunt 5 p. 100 du 9 août 1821.
  2. D’après Capefïgue, op. cit., t. III, p. 113, M. de Villèle fut aussi porté à s’adresser aux Rothschild « pour échapper à la fois à la banque libérale et révolutionnaire représentée par Lafitte et Casimir Perier et à la banque timide et exigeante de Genève et Neufchâtel représentée par Delessert, Mallet, Hottinger ».
  3. Rentes 5 p. 100 adjugées le 10 juillet 1823 à 89,55 ; rentes 4 p. 100 adjugées en janvier 1830 à 102,075 ; rentes 5 p. 100 adjugées à 84 fr. le 19 avril 1831 ; rentes 5 p. 100 adjugées à 98 fr. 50 le 8 août 1832 ; rentes 3 p. 100 adjugée à 84 fr. 75 cent, et 75 fr. 25 en 1841, 1844, 1847 (Cf. chap. x, § 5).