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La reprise des paiements en espèces, qui eut lieu en 1819, et l’adoption de l’or comme base du système monétaire, quoiqu’une crise commerciale intérieure s’en soit suivie, ainsi qu’il est inévitable quand on sort du papier-monnaie, rendirent Londres apte à servir de place de compensation aux engagements de tous les pays et à devenir le principal marché financier du monde.

IV. — Ce furent les banquiers de Londres qui souscrivirent et prirent ferme les emprunts que les États continentaux durent faire pour liquider les charges de la guerre. Presque toujours, au lieu de payer les intérêts dans le pays emprunteur, il fut stipulé qu’ils seraient payés à Londres en livres sterling à un change fixe. Cette condition est encore toujours imposée aux États obligés d’émettre leurs emprunts hors de chez eux et elle a contribué puissamment à accumuler les capitaux à Londres.

L’histoire de la constitution de la dette française pendant cette période est particulièrement intéressante.

La Restauration avait à payer aux alliés une somme que M. A. Vuhrer fixe à 1.290.882.530 francs. L’arriéré des exercices budgétaires de l’Empire était de 777 millions ; il fallut y ajouter 25.995.310 fr. en rentes 3 p. 100 pour indemniser partiellement les émigrés des confiscations révolutionnaires et faire cesser une distinction odieuse dans l’origine des propriétés. Des emprunts considérables et multiples furent nécessaires pour pourvoir à ces diverses charges ainsi qu’aux expéditions d’Espagne, de Morée et d’Algérie[1].

Le marché financier de Paris était tellement désorganisé qu’il fallut écouler peu à peu à Amsterdam au prix moyen de

  1. V. A. Vuhrer, Histoire de la dette publique en France, t. II, pp. 65-99 et 169. Les accroissements du chiffre de la dette publique à la charge personnelle du gouvernement de la Restauration peuvent être évalués en rentes à 8.634.304 fr. et les diminutions opérées par lui à 63.640.488 fr., d’où il ressort une réduction effective de la dette publique de 55.006.184 fr. sur le total des rentes que les gouvernements précédents avaient laissées à sa charge.