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des rentes remboursables en douze ans qu’il créait. Cette pratique devient générale dans les emprunts faits par Calonne, à partir de 1783.

M. de Loménie, dans son excellente étude sur les Polémiques financières de Mirabeau et les interventions de M. de Calonne à la Bourse[1], fait remarquer que la dette anglaise en 1789, peu différente de la nôtre comme charge annuelle, représentait un capital beaucoup plus élevé. Cela tenait à la bien plus grande importance de la dette viagère ou remboursable par annuités dans l’ensemble de la nôtre. Nous avons indiqué (chap. x, § 3) quelles avaient été les conséquences sous ce rapport des émissions de 3 p. 100 au-dessous du pair en Angleterre. Quoiqu’il y eût beaucoup plus de désordre en France, au fond, le gouvernement s’inspirait davantage des vrais intérêts du peuple. Mais cela ne suffisait pas pour permettre à la Monarchie de surmonter la tempête qui fut déterminée par une crise financière.

XII. — La Bourse de Paris avait pris une importance considérable à la veille de la Révolution.

La corporation des agents de change avait été réorganisée et confirmée dans son monopole par un arrêt du Conseil du 26 novembre 1781. La manière dont ils traitaient les affaires était exactement la même qu’aujourd’hui, faisant entre eux toutes leurs négociations sur paroles, comparant après chaque bourse leurs carnets dans le cabinet, étant garants vis-à-vis de leurs clients des opérations dont ils se sont chargés. Les valeurs négociées à la Bourse étaient au nombre de 17, savoir : les actions de la Compagnie des Indes, 14 fonds de l’État, les actions de la Caisse d’escompte et les actions des eaux de Paris. C’était là la cote publique ; mais d’autres valeurs[2] étaient négociées par les coulissiers que

  1. Journal des économistes, octobre et novembre 1886.
  2. Parmi les valeurs qui devaient être l’objet de négociations, étaient les actions de la Compagnie générale des Assurances, créée à Paris par le sieur Labarthe, en 1786. Des compagnies d’assurances de toute sorte s’étaient créées en Angleterre depuis 1688. C’était un des traits par lesquels la supériorité économique de ce pays se manifestait.