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des négociations des effets publics ; ils ne peuvent les faire qu’aux heures de Bourse ; ils ne pourront dans aucun cas nommer les personnes qui les auront chargés de négociations auxquelles ils devront garder un secret inviolable (art. 36) ; les opérations au comptant sont seules autorisées, (art. 29) ; enfin les femmes ne peuvent entrer à la Bourse, sous aucun prétexte (art. 11)[1]. Réorganisée matériellement, la Bourse de Paris n’eut pendant longtemps aucune animation. Le public avait pris en grande défiance toute valeur représentée par du papier. Il n’y avait guère de transactions que sur les actions de la Compagnie des Indes. Une preuve de cette stagnation des affaires se trouve dans l’édit du 22 décembre 1733, qui réduit à 40 le nombre des agents de change. Plusieurs des soixante offices demeuraient sans titulaires, dit le préambule[2]. Après le cardinal Fleury, les emprunts d’État s’étaient succédé à des intervalles de plus en plus rapprochés. Dans les dix dernières armées qui précèdent la Révolution, ils s’élevèrent à 1.600 millions. « La bourgeoisie les prend à des taux qui doublent rapidement cette partie de ses revenus, qui lui créent en même temps de nouveaux capitaux, et lui permettent de consolider avec un intérêt supérieur à ce que donnait la terre, à 6 2/3 p, 100 en rentes perpétuelles, en 1776, avant l’entrée de Necker aux affaires[3], ceux qui ne trouvaient pas un emploi utile dans le commerce ou qu’elle ne voulait pas hasarder[4]. »

Un édit du 20 mai 1749, imitant ce qui se faisait depuis plus d’un siècle en Hollande, avait permis de mettre au porteur

  1. Il y avait aussi une Bourse et des agents de change à Lyon. V. entre autres l’édit du 29 mars 1772, qui les érige en titre d’office.
  2. Le nombre de 60 fut rétabli par l’édit du 10 septembre 1786, qui autorisa en même temps les titulaires à avoir des commis pour les assister à la Bourse.
  3. Compte rendu au Roi, par Necker, 1781, p. 17. Beaucoup d’emprunts de cette époque, qui sont qualifiés de loteries, étaient en réalité des émissions d’obligations à lots remboursables dans d’assez courtes périodes par voie de tirage au sort. Un intérêt de 4 p. 100 était assuré même à celles qui n’étaient remboursées qu’au pair.
  4. Félix Faure, les Assemblées de Vizille et de Romans (Grenoble, 1889), p. 27.