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c’est dans le rapprochement du nombre des successions du chiffre total des décédés. Les enfants y figurent pour une proportion considérable : or, ils ne laissent de succession que bien rarement, parce qu’ils n’avaient pas eux-mêmes hérité de leurs parents. Pour laisser une succession, il faut ou avoir hérité ou avoir acquis un patrimoine par soi-même. Sur les 860.000 décès constatés en 1886, ceux des personnes ne dépassant pas vingt-cinq ans étaient au nombre de 325.000. Il reste donc 540.000 décès ayant pu donner lieu à une ouverture de succession et 400.000, peut-être 450.000, y ont donné lieu effectivement. La proportion des possédants aux non-possédants est donc de plus des deux tiers, peut-être des trois quarts. La vérité est juste le contraire de ce qu’on a audacieusement affirmé[1].

Toutes les recherches que l’on peut faire sur les différentes manifestations de la richesse aboutissent à des résultats identiques. Il y avait en France, d’après le recensement de 1886, 9.038.020 ménages proprement dits, auxquels il faut ajouter 1.525.062 ménages d’individus isolés, c’est-à-dire des célibataires ayant survécu à leurs parents, et aussi beaucoup de jeunes gens, vivant séparés de leur famille par suite des nécessités de leur travail. Plus du tiers de ces ménages ont une attache à la terre et les deux tiers sont propriétaires de leur habitation.

Les 14.212.650 cotes foncières existant en 1889 correspondent à 8.422.284 propriétaires, si l’on accepte le calcul de l’Administration, qui compte 59,4 propriétaires par 100 cotes, ou à 7.816.930 propriétaires, si, avec M. de Foville, on réduit ce rapport à 55 p. 100 cotes. Dans ce chiffre les propriétés donnant un revenu suffisant pour dispenser leurs possesseurs d’un travail personnel sont relativement peu nombreuses. En 1881, M. Leroy-Beaulieu, dans son Essai sur la répartition des richesses, estimait seulement à 50 ou 60.000 le nombre des propriétaires urbains ou ruraux retirant de 6 à 7.000 francs

  1. V. M. de Foville, dans l’Economiste français du 26 juillet 1890.