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avec laquelle le gouvernement anglais depuis Guillaume III fit honneur à ses engagements, même dans les circonstances les plus critiques.

Malheureusement, pendant toute cette période, l’histoire de l’Angleterre est déshonorée par la corruption des hommes publics. Non seulement la majorité dans les deux chambres était régulièrement achetée par le ministère ; mais un grand nombre d’hommes d’État et de membres du Parlement abusaient de leur position pour spéculer à coup sûr sur les fonds publics. L’émission des emprunts, qui avait lieu par adjudication aux banquiers, donnait lieu au favoritisme et aux manœuvres les plus éhontées de la part des amis du ministère. Il y fut coupé court par le recours à une souscription publique que le second Pitt tenta pour la première fois en 1796. Ce fut un grand succès, et, après quelques retours partiels aux anciennes pratiques, c’est la méthode qui a prévalu depuis en Angleterre. Avec la constitution du Stock Exchange en corporation, elle a marqué une amélioration sensible dans les mœurs financières. La moralité publique, même sous ce rapport, est devenue en Angleterre très supérieure dans notre siècle à ce qu’elle était au xviiie.

La fondation du Bankers clearing house de Londres, en 1775, est aussi la preuve de l’importance qu’avaient prise les maisons de banque et des bonnes méthodes suivies dans les affaires.

X. — A partir du ministère du cardinal Fleury, beaucoup plus d’ordre régna dans le régime financier de la France. Le temps des Crozat et des Samuel Bernard est passé, ou plutôt les financiers se présentent sous une forme plus correcte. Il est cependant un genre d’affaires qui donnent lieu à des spéculations aventurées et partant à de gros profits. L’approvisionnement des armées, qui était déjà l’objet de grandes préoccupations dans les dernières années de Louis XIV, devient une affaire de plus en plus importante. Paris-Duverney avait rendu en Italie sous ce rapport des services qui devinrent le titre de sa fortune. Les grands