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après 1815. Les écrivains du xviiie siècle abondent en renseignements et en anecdotes sur ce sujet : elles ont été recueillies par John Francis dans l’Histoire de la Bourse de Londres et c’est là qu’il faut les lire. Nous en dégagerons seulement quelques traits.

La Bourse se développa en toute liberté : depuis 1709 il n’y avait plus d’intermédiaires officiels pour les transactions. Ce fut seulement en 1801 qu’une association de brokers et de banquiers fit édifier le Stock Exchange où ne purent pénétrer que les membres de la Société (chap. ix, § 7).

L’Exchange Alley, comme on l’appelait alors, se fit sa loi à elle-même. En vain un acte de 1734, rendu sur la proposition d’un des plus grands financiers de l’époque, sir John Barnard, défendit sous des peines sévères : 1° les marchés à prime ; 2° les règlements par différences des transactions sur valeurs mobilières ; 3° la vente de fonds publics anglais que le vendeur ne possédait pas au moment de la vente. Il ne fut pas observé. En 1773, après une crise de spéculation (§7), il fut renouvelé, mais sans plus de succès. La jurisprudence en limita le plus possible l’application, et, en 1787, l’Exchange Alley inaugura la grande peine disciplinaire du monde de la Bourse, l’inscription au tableau noir des noms de ceux qui ne tenaient pas leurs engagements en se prévalant de la loi.

Malgré les pratiques de l’agiotage, qui s’y donnaient carrière sous leurs formes les plus grossières : fausses nouvelles, paris sur la vie des grands personnages et sur les événements politiques, loteries publiques et privées, malgré les crises de crédit, qui se produisirent à plusieurs reprises dans le cours du siècle et qui eurent comme toujours pour premier symptôme la multiplication abusive des sociétés par actions, le développement de la Bourse permit au gouvernement de procéder dans le milieu du siècle à d’importantes conversions et de recourir au crédit pendant les guerres d’Amérique et de la Révolution dans des proportions qui contrastent avec l’insignifiant déficit contre lequel la monarchie française échoua en 1789. Ce qui y contribua plus encore fut la fidélité