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Les fonds des capitalistes n’ont passé chez les nations emprunteuses que pour procurer à la Hollande tous les ans une balance avantageuse pour la solde des intérêts qui font, surtout de la part de la France, rentrer les capitaux en douze ou quinze années pendant que les créances de la République existent toujours en entier et produisent toujours les mêmes intérêts[1].

Engagée comme elle était avec toutes les places étrangères, Amsterdam ressentait le contre-coup des crises qui s’y produisaient. Deux crises commerciales, qui éclatèrent à Hambourg en 1763 et en 1772-1773, amenèrent à Amsterdam des paniques semblables à celles que nous connaissons trop bien. Détail caractéristique : elles éclataient en même temps à Londres pour des causes différentes en apparence, mais qui devaient être, en réalité, la conséquence d’une exagération générale du crédit[2].

VIII. — Malgré les grandes guerres de l’époque, une baisse considérable du taux de l’intérêt, plus ou moins forte selon les pays, se produisit, dans le cours du xviiie siècle, dans toute l’Europe.

En Angleterre, en 1715 Robert Walpole fit réduire la dette 6p. 100 en 5p. 100. En 1731 un emprunt put être émis en 3p. 100 et il fut bientôt coté 107. Il baissa par suite de la guerre avec la France ; mais en 1749 les fonds 4 p. 100 purent être convertis en 3 p. 100 et ce fonds revit en 1752 le cours de 107.

Dans les Pays-Bas, en mars 1773, les obligations 3 p. 100 de la Généralité se cotaient 107 ; celles 2 3/4 p. 100 de la province d’Utrecht 102 ; les obligations 2 1/2 p. 100 d’une société pour la construction et l’entretien d’une digue cotaient 95 1/4 en juillet 1767. Plusieurs emprunts hollandais furent émis en 2 p. 100 et arriveront au pair. En Allemagne aussi, les fonds de premier ordre étaient au xviiie siècle capitalisés au 3 pour 100 et l’on en profita pour créer les premières

  1. Tome II, p. 233. C’est cette évaluation qu’Adam Smith reproduit en 1778 dans son Essai sur la richesse de la Hollande, quand il parle de 1.500 millions de livres placés par la Hollande en fonds français et anglais.
  2. Laspeyres, op. cit., pp. 279 et suiv. Max Wirth, Geschichte der Handels-Krisen (3e édit. Francfort, 1883), et Clément Juglar, Des crises commerciales et de leur retour périodique (2e édit.), pp. 296-297.