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raison de 4 p. 100 par an (plus ou moins) jusqu’à l’entier remboursement du capital et seront exactement payés chaque six mois par la maison chargée de l’opération. On joint en conséquence à chaque billet de 1.000 florins le nombre de coupons nécessaire de vingt florins pour chaque terme… La négociation ouverte, la maison qui opère fait négocier les 4.000 billets par son courtier. Celui-ci trouve sur-le-champ des entrepreneurs, qui avancent la somme de quatre millions pour une commission qu’ils se font payer de 1 à 2p. 100 plus ou moins. Ces entrepreneurs placent ensuite pour leur propre compte ces 4.000 billets chez les capitalistes qui ne demandent pas mieux que de placer leur argent sur de pareils effets, lors surtout qu’ils ont de la confiance dans l’opération.

Les frais qu’une pareille opération coûte à l’État qui fait l’emprunt ne sont point considérables eu égard à la nature de la négociation ; car, si elle se fait pour 20 ans, ils ne s’élèvent guère qu’à 14 ou tout au plus à 12 p. 100 par an. Ordinairement ces frais sont de 2 à 2½ p. 100 de commission pour la maison qui opère, 1 à 2 p. 100 pour les entrepreneurs qui se chargent de tous les billets pour les placer ensuite pour leur compte chez les capitalistes et 1 p. 100 pour les autres frais dans lesquels le courtage se trouve compris. Outre cela, la maison chargée de la négociation, devant en payer les intérêts aux échéances respectives, prend sur la somme à laquelle s’élèvent ces intérêts une commission de 1 à 2 p.100 suivant le plus ou moins de peine qu’exige ce paiement. Au surplus, ces frais peuvent être susceptibles de plusieurs modifications selon que l’opération est plus ou moins difficile et compliquée[1].

Accarias de Sérionne, dans son ouvrage Du commerce de la Hollande, publié en 1768, a un chapitre sur la négociation des fonds publics de France, d’Angleterre, de Vienne, de Danemarck et de Saxe. Elle portait, selon lui, sur un capital de plus de l.500 millions de livres. A cette époque, tout le monde comprenait que le pays ne pouvait faire fructifier lui-même un pareil capital et combien il était avantageux de pouvoir le placer à l’étranger. C’est grâce à ces placements qu’il y avait à Amsterdam une prodigieuse quantité de riches capitalistes. [fin page462-463]

  1. Traité général du commerce, t. I, p. 210. Les emprunts autrichiens faits sous Marie-Thérèse étaient émis à la fois à Amsterdam par la maison Hope et Goll et à Francfort par les Bethmann frères. Ils étaient placés au pair et étaient très recherchés du public. Le crédit de l’Autriche baissa beaucoup à partir de la Révolution.