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Angleterre le gouvernement ne trouvait à emprunter qu’aux environs de 8 p. 100[1]. En 1700 c’était encore le taux usuel de l’argent prêté aux commerçants et aux industriels. En Hollande, ils trouvaient de l’argent au 3 p. 100, Les publicistes anglais se préoccupaient vivement de l’infériorité qui en résultait pour leur pays[2]. Cependant tout n’était pas avantage pour la Hollande à cette baisse extrême de l’intérêt. Les entreprises commerciales et manufacturières du pays, n’offrant plus que des profits minimes, étaient délaissées. Parmi les capitalistes, les uns vivaient d’économie, les autres cherchaient des revenus plus élevés dans les placements faits au dehors et dans le jeu à la Bourse qu’alimentaient les nombreux titres de toute origine qui s’y négociaient. Jusqu’à la chute de la République, tous les auteurs parlent des jeux de bourse d’Amsterdam. Ils s’y faisaient surtout sur les valeurs anglaises dans les dernières années du xviiie siècle, sous la forme de marchés à prime ou de marchés à terme se réglant par de simples différences[3].

C’était à Amsterdam que la plupart des gouvernements de l’Europe continentale plaçaient leurs emprunts[4]. Un écrit du temps indique comment étaient faites ces opérations.

La maison de commerce chargée d’une pareille négociation dépose d’abord entre les mains d’un notaire la procuration dont elle est munie de la part de l’État pour le compte duquel elle fait un emprunt, de 4 millions de florins par exemple. Elle publie ensuite un prospectus, où est exposé le plan qu’on se propose de suivre dans cette opération. Pour rendre celle-ci plus facile, on fait 4.000 billets de 1.000 florins courant payables au porteur. Dans ces billets, l’État qui emprunte déclare le temps auquel il remboursera le capital, comme 5, 10, 15 ou 20 ans, ajoutant que les intérêts courront à

  1. Laspeyres, op. cit., p. 247.
  2. Cunningham, Growth of english commerce and industry, pp. 336 et suiv.
  3. Pestel, op. cit., t. I, p. 494. Traité général du commerce (Amsterdam, 1781), t. I, pp. 208-211.
  4. En 1730 l’on essaya d’émettre à Londres un emprunt de 400.000 liv. st. pour l’Empereur d’Allemagne. Il fallut un bill spécial du Parlement obtenu à grand peine par Robert Walpole pour l’empêcher. Francis, Histoire de la Bourse de Londres, p. 83.