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formidable dans laquelle, au milieu de la ruine générale, certains individus se trouvaient enrichis. Le 26 janvier 1721, parut l’édit qui ordonnait la fameuse mesure connue sous le nom de visa. Elle consistait à inventorier les propriétés de toute nature de tous ceux qui avaient touché aux valeurs du Système, à remonter à la source de cette possession et à classer les propriétés d’après les résultats de cette enquête. Elle fut confiée à une commission présidée par Paris-Duverney[1]. Non content d’obliger les détenteurs d’actions de la Compagnie, de rentes et de billets, à comparaître devant la commission, un nouvel édit du 14 septembre 1721 obligea les notaires à produire tous les contrats d’acquisition d’immeubles, de constitution de créances, de décharge ou de quittance passés en leurs études depuis le 1er juillet 1720. Les détenteurs d’actions de la Compagnie, d’obligations (actions rentières) rentes et billets de banque, qui obéirent au premier édit, furent au nombre de 511.009. Leurs titres se montaient en capital à 3 milliards 70 millions de livres, d’après Paris-Duverney, à 2.222.597.491 livres d’après Forbonnais, dont l’évaluation est sans doute plus exacte. Ils furent réduits à 1 milliard 700 millions.

Les personnes soumises au visa furent, suivant la quantité de leurs titres, leur nature et la date de leur acquisition, réparties en cinq classes et quarante catégories, auxquelles on appliqua quinze taux de réduction. Les possesseurs d’une action furent admis pour l’intégralité ; ceux qui ne pouvaient indiquer d’autre origine à leur portefeuille que des profits sur le papier furent admis seulement pour un vingtième. Entre ces deux taux de réduction, treize autres proportions étaient appliquées suivant les cas. La Compagnie des Indes reprit son existence commerciale sur les errements

  1. A l’apparition de l’édit du Visa, les actions tombèrent à 45 et 30 livres et les billets à 10 p. 100. Un peu plus tard, les actions remontèrent à 200 livres et les billets à 90 p. 100. Des bruits évidemment semés à dessein provoquèrent ces alternatives de hausse et de baisse, qui, malgré tous les édits détendant les transactions sur les titres de la Compagnie, se prolongèrent pendant plusieurs années. Les porteurs espérèrent toujours une reprise de faveur de Law tant que le Régent vécut.