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arrêts du Conseil de décembre 1638 et du 2 avril 1639 nous montrent déjà bien transformés les courtiers de change, banque et marchandises qu’avait érigés en titre d’offices un édit de Charles IX en 1572. A la différence des courtiers en marchandises, une de leurs règles essentielles était dès lors de garder le secret aux parties pour les transactions qu’ils faisaient. Ils avaient des syndics et avaient même créé une bourse commune que le second de ces édits supprima, sans en indiquer les motifs. Dans le Parfait négociant de Savary (édition de 1675), il est question longuement des agents de change et de banque comme négociant les effets de commerce et aussi les effets royaux remis aux Traitants. Ils recevaient également les fonds disponibles des particuliers qui les leur confiaient pour en faire des emplois temporaires. Un édit de Louis XIV, de décembre 1705, qui supprime tous les anciens offices de ce genre et les remplace par de plus nombreux, outre son but fiscal, indique que les agents de change se sont, en réalité, séparés des courtiers ordinaires en marchandises. Ils seront désormais conseillers du Roi, agents de banque, change, commerce et finance. Bientôt on les appellera tout simplement agents de change, en indiquant par là le changement qui s’est opéré dans leurs fonctions. Les considérants de l’édit font ressortir leur importance.

Les secours que les agents de change, de banque et de marchandises ont procurés pendant le cours des dernières guerres et de la présente aux Trésoriers, aux entrepreneurs des vivres, des étapes et autres, et aux particuliers chargés du recouvrement de nos deniers et intéressés dans nos affaires, en leur faisant prêter les sommes dont ils ont eu besoin pour satisfaire leurs engagements envers nous et le public…[1].

Leur concours avait sans doute facilité le succès des remarquables conversions de la dette en 6 p. 100 et en 5 p. 100 opérées par Pontchartrain en 1698 et en 1699[2].[fin page448-449]

  1. V. tous ces édits dans le Banquier français ou la pratique des lettres de change suivant l’usage des principales places de France (Paris, 1724).
  2. Vuhrer, Histoire de la dette publique en France, t. I, p. 123.