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Bourse d’Amsterdam portaient non seulement sur les valeurs nationales, mais aussi sur les valeurs des autres pays, notamment sur les actions des Compagnies des Indes et d’Afrique anglaises et aussi sur les valeurs chimériques, qui, aux environs de 1720, se multiplièrent en France et en Angleterre.

La folie de l’agiotage s’était étendue aux Pays-Bas. Des capitalistes hollandais allèrent prendre part aux spéculations sur les actions du Mississipi à Paris et de la Compagnie de la mer du Sud à Londres. A Amsterdam même, les actions de la Compagnie des Indes furent l’objet de spéculations ardentes : elles montèrent à des cours d’où elles furent précipitées, quand le Système s’effondra en France. Comme toujours en pareil cas, des compagnies nouvelles pour exploiter des entreprises plus ou moins chimériques, notamment pour l’exécution de grands travaux publics, surgirent de toutes parts. Les Pays-Bas subirent ainsi le contre-coup des aberrations de leurs voisins et les ruines furent très nombreuses à Amsterdam, quoique heureusement le gouvernement eût préservé les finances publiques de toute compromission avec les faiseurs de projets[1].

III. — Une colonie juive détachée de la synagogue d’Amsterdam s’implanta en Angleterre sous Cromwell, et grâce à sa faveur elle y fut tolérée et ses membres devinrent rapidement riches[2]. Nous allons les voir jouer un certain rôle dans les débuts de la Bourse de Londres.

Les Hanséates avaient été expulsés définitivement et à

  1. V. le curieux recueil intitulé : Het groole Tafereel der dwaadsherd… (le Grand tableau de la Folie représentant l’origine, les progrès et le discrédit des actions et du commerce chimérique qui furent en vogue en France, en Angleterre et dans les Pays-Bas en 1720 ; formant un recueil de toutes les conditions et projets des Compagnies d’assurances, de navigation, de commerce, etc., établies dans les Pays-Bas, avec des estampes, des comédies et des poèmes publiés par différents auteurs pour flétrir cet exécrable et frauduleux commerce par lequel plusieurs familles et personnes de haute et basse condition ont été ruinées dans cette année. Imprimé pour l’avertissement de la postérité en cette fatale année). Voor veel Zotte en Wyze, 1720, in-f° (cote de la Bibliothèque Nationale, L. 38, b. 171).
  2. Sur l’introduction des juifs en Angleterre sous Cromwell, V. notre ouvrage les Précurseurs de la franc-maçonnerie au xvie et au xviie siècle (Palmé, 1887).