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défendent particulièrement les marchés à prime, qui sont, on le sait, le principal instrument de la spéculation[1].

Toutes les manœuvres immorales usitées de nos jours se produisaient à la Bourse d’Amsterdam. L’édit de 1677 portait des peines contre ceux qui répandaient de fausses nouvelles pour influencer les cours. En 1698, un agent français résidant à Amsterdam, dans un mémoire adressé à son gouvernement, a tracé un tableau pittoresque des manœuvres de la Bourse et des variations continuelles des cours qui s’y produisaient[2].

C’est sur les pronostics de ces prétendus spéculateurs publics que les prix de ces actions sont dans des variations si continuelles qu’elles donnent lieu plusieurs fois le jour à des négociations, qui mériteraient mieux le nom de jeu ou de pari et d’autant mieux que les Juifs, qui en sont les ressorts, y joignent des artifices qui leur font toujours de nouvelles dupes, même de gens de premier ordre…

Ces systèmes, qui sont le plus subtil de tout ce qu’ils ont reçu de nouvelles de la semaine, alambiquées par leurs rabis et chefs de congregues, sont dès l’après-midi du dimanche délivrées à leurs courtiers et agents juifs, les hommes les plus adroits en ce genre qu’il y ait au monde, qui ayant aussi concerté entre eux vont séparément dès le même jour répandre les nouvelles accommodées à leurs fins qu’ils vont commencer à suivre dès le lendemain lundi matin, selon qu’ils voient la disposition des esprits, à tous les égards particuliers : vente, achat, change, actions, dans tous lesquels genres de choses, ayant toujours entre eux de grosses masses et provisions, ils sont éclairés à faire le coup dans l’actif, dans le passif et souvent dans tous les deux en même temps[3].

On reconnaît facilement dans cette dernière phrase les opérations à la baisse opposées aux opérations à la hausse et leur combinaison par les opérations à doubles primes (chap. vii, §10).

L’auteur de ce mémoire décrit, à cette occasion, l’organisation intérieure des communautés Israélites. Celle d’Amsterdam

  1. Les opérations à prime sont décrites très exactement dans un opuscule de N. Muys van Holy, Consideratien tot wederlegginge van de voorsteblinge (Ams­terdam, 1687), cité par Pringhsheim.
  2. Desaguliers, loc. citat., pp. 63-64.
  3. Manuscrit conservé au ministère des colonies et publié dans la Revue historique novembre-décembre 1890, pp. 327-330.