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commerciale de l’Europe, et les grands profits réalisés par la Compagnie des Indes y laissaient toujours disponible une quantité de capitaux. Un certain nombre d’hommes entreprenants allaient en France comme ingénieurs ou banquiers et s’intéressaient à des affaires où ils faisaient fructifier les capitaux de leur patrie[1].

Les capitaux disponibles qui pouvaient exister dans les autres parties de l’Europe, notamment ceux des Juifs, chassés alors de presque tous les pays, étaient attirés à Amsterdam par l’excellente organisation de la Banque de dépôt et de payement de cette ville[2]. La commodité de faire en banque les paiements pour l’achat ou la vente d’actions de la Compagnie des Indes et des obligations sur la Généralité avait rendu beaucoup plus facile la spéculation sur ces valeurs en des quantités dépassant ce que chaque acheteur ou vendeur possédait, c’est-à-dire les opérations sur les différences[3].

Toutes les opérations de Bourse proprement dites, comme toutes les formes de la spéculation sur les marchandises (chap. vii, §§ 7 et 16), étaient dès lors pratiquées. L’abus se mêlait à l’usage et nous avons vu comment, dès le 27 février 1610, les États généraux cherchent à empêcher les marchés à terme à découvert. En 1621, en 1677, les mêmes prescriptions sont renouvelées avec le même insuccès. Les États généraux

  1. Tels étaient, par exemple, le banquier Gaspard van Gangelt établi à Paris en 1656, le banquier Salomon, établi à Bordeaux à la même époque, que nous voyons s’intéresser dans les entreprises de dessèchement des marais. V. l’Histoire du dessèchement des lacs et des marais en France, par le comte de Dienne (Guillaumin, 1890), pp. 44 et suiv.
  2. V. la description des opérations de cette banque dans le Traité général du Commerce, de Samuel Ricard, pp. 146-154. La banque de Rotterdam était organisée d’après les mêmes principes ; mais elle était moins importante, p. 154. V. aussi Instruction abrégée sur les livres à double partie, de Desaguliers (Amsterdam, 1721), pp. 7 et suiv. Ni l’une ni l’autre ne faisaient l’escompte ni n’émettaient de billets. Mais, étant donné l’état économique et les mauvais systèmes monétaires de l’époque, la sûreté des dépôts et la faculté des paiements par compensation devaient donner la prépondérance à la place qui jouissait d’une semblable institution. En 1780, la Banque d’Amsterdam fonctionnait encore de la même manière. V. le Traité général du commerce, en 2 volumes in-4, publiés à cette date dans cette ville, t. I, pp. 74 et suiv.
  3. V. Desaguliers, loc. cit., pp. 60 et 62.