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comptes et n’est soumise qu’à une commission de trésorerie nommée par le pouvoir exécutif.

Toutes les fois qu’un gouvernement s’écarte des règles de la sagesse financière, il se met dans la dépendance de la Haute Banque. Jamais situation ne fut meilleure que celle de l’Empire allemand. En 1877, il n’avait plus de dette. Depuis lors, par suite de la politique militaire à outrance inaugurée par M. de Bismarck et continuée par Guillaume II, en six ans, l’Empire et le royaume de Prusse ont emprunté pour 2 milliards 732 millions de marcs et les emprunts annoncés pour 1892 et 1893 montent à plus de 1.150 millions de marcs. En 1890, une émission de 3 p. 100 impérial et de 2 1/2 p. 100 prussien n’avait pas réussi :les banquiers étaient restés sous leur tente. En février 1891, une nouvelle émission a été couverte quarante fois pour le 3 p. 100 impérial et trente fois pour le 3 p. 100 prussien, au moyen d’une souscription publique. L’affaire a été menée par les maisons de banque comme en France ; mais elles ont fait payer leur concours encore plus cher : tandis que le 3 p. 100 français avait été émis le 10 février à 92,55, le 3 p. 100 impérial l’a été seulement à 84,40[1] !

S’il en est ainsi des gouvernements dont le système financier est régulier, comme la France et l’Allemagne, on peut conjecturer ce qu’il en est des pays où le déficit est permanent et où, aux emprunts perpétuels, s’ajoute le recours au papier-monnaie.

Ç’a été la situation de l’Autriche de 1792 jusqu’à nos jours. Nulle part la Finance cosmopolite représentée par des maisons israélites ne s’est plus engraissée et nulle part la prépondérance des Juifs n’est devenue plus oppressive pour les éléments nationaux.

Depuis douze ans la sage administration du cabinet Taaffe et particulièrement du ministre des Finances M. Dunaiewski a relevé les finances de la Cisleithanie, et rendu possible un

  1. Sur la participation des maisons de banque à cette souscription et son caractère factice, V. the Economist du 7 mars 1891.