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par les plus petits commerçants qui n’en peuvent mais. Le marchand d’une petite ville d’Angleterre subit ainsi le contre­-coup des spéculations aventurées faites sur l’argent par les grands financiers de New-York et des engagements excessifs des banquiers de Londres sur les valeurs sud-américaines ! Aucune intervention gouvernementale ne peut empêcher un krach de se produire après une orgie de spéculation. Au moins doit-il ne pas l’aggraver. Depuis longtemps les économistes ont enseigné qu’en pareil cas le devoir des institutions de crédit était de se soutenir les unes les autres, de manière à ce que le public ne retirât pas précipitamment et sans raison ses dépôts des banques conduites sagement. Une liquidation amiable pour les établissements les plus compromis empêche la dépréciation exagérée des valeurs dont ils détiennent de grandes quantités. Voilà comment agissent à New-York les grandes banques, les banques associées, comme on les appelle. Toutes les fois qu’une crise de ce genre éclate, elles se dispensent réciproquement du paiement de leurs effets en espèces métalliques et acceptent les chèques tirés sur elles avec cette mention good through clearing House. C’est ce qu’on a fait à Londres en novembre 1890 pour les Baring ; à Paris en 1889 pour le Comptoir d’escompte et en mars 1891 pour la Société de dépôts et comptes courants[1]. Le Trésor public, qui, à cause de la quantité d’espèces qu’il détient et de ses comptes courants avec les banques, est partout un facteur très important du marché monétaire, doit combiner ses opérations de manière à ne pas le troubler davantage et même à le secourir dans une certaine mesure. Il y a plus, les grandes banques nationales de tous les pays se soutiennent les unes les autres de manière à éviter un ébranlement dangereux de se propager partout (chap. iii, §

  1. Dans ces cas-là la Banque d’Angleterre à Londres, la Banque de France à Paris fait les avances en monnaie ou en billets nécessaires pour permettre à la maison atteinte de continuer ses paiements. Les autres maisons de banque se portent caution du remboursement de ces avances chacune pour une somme déterminée et pour une période fixe, de manière à ce que la grande Banque nationale se trouve indemne.