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avaient tenus en dehors des flots de ce nouveau Pactole (chap xi, § 8).

A cent soixante ans de distance, dans des circonstances analogues, quoique heureusement moins graves, un économiste distingué, M. André Cochut, a démontré d’une manière fort neuve que les majorations fictives de capitaux, produites par les spéculations de Bourse, rompent l’équilibre naturel entre l’ensemble des revenus et les produits disponibles. Le propre, en effet, des valeurs mobilières étant de pouvoir se réaliser au jour le jour, la hausse de leur prix produit transitoirement un effet analogue à une augmentation subite de monnaie. Par exemple, entre 1874 et 1882, la plus-value nominale des rentes et des principales valeurs cotées à la Bourse de Paris avait été, selon les calculs de M. Cochut, de 15 milliards. Les propriétaires de toutes ces valeurs se considérant comme plus riches d’autant et ayant effectivement, tant que durait l’illusion, un pouvoir effectif pareil d’acquisition sur le marché, augmentaient naturellement leurs demandes et faisaient hausser les prix, surtout ceux de certains produits et de certains services. Les immeubles à Paris et dans toutes les grandes villes, les services de luxe avaient monté dans des proportions énormes. Le même phénomène s’était produit à Vienne de 1870 à 1873. La hausse excessive des terrains des stations d’hiver sur le littoral de la Méditerranée était aussi une conséquence de la croyance où, pendant deux ans, les classes riches de l’Europe entière avaient été que leur richesse avait doublé et devait aller toujours en s’accroissant (chap. iv, § 12) ! Ces effets d’enchérissement ont leur contre-coup sur les finances publiques. Les transactions étant plus nombreuses et étant faites à des prix plus élevés, les droits d’enregistrement donnent des rendements plus considérables. D’autre part, beaucoup de gens se croyant plus riches, les impôts de consommation rendent également davantage. C’est ainsi que, de 1875 à 1881, les recettes du Trésor ont dépassé les prévisions budgétaires de 580.701.788 francs, et ç’a été pour le parti au pouvoir l’occasion de se lancer