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ce qui entraîne la prison, non seulement pour ceux qui les tiennent, mais pour ceux qui les fréquentent. Ces industriels ont immédiatement déguerpi sans attendre les visites de la police. Voilà un exemple que devraient suivre nos législateurs ; mais pour cela il ne faudrait pas dédaigner systématiquement ce que nous appellerions le procédé descriptif de législation et ne pas craindre de faire descendre les incriminations correctionnelles dans le vif de la pratique contemporaine.

Enfin au-dessous de la Bourse et de la Coulisse, dans un degré infime, se font des affaires sur des valeurs dépréciées que leur bas prix met à la portée des spéculateurs déchus. Une des feuilles dont nous parlions tout à l’heure donnait la cote de ce marché spécial à la date du 18 octobre 1890 :

Le marché des petites valeurs de spéculation a été assez animé cette semaine. Signalons une reprise sur la Caisse des mines qui s’est élevée à 6 fr. 50 ; on cotait 3 fr. 50, il y a une dizaine de jours. Les tendances sont plus faibles depuis ; on prétend que ce cours ne se maintiendra pas. La California oscille de 2 fr. 60 à 2 fr. 70. Il reste 2 millions d’hectares à placer ; c’est beaucoup et le prix est encore élevé, si l’on considère que l’hectare ne vaut que 0 fr. 25. Seulement, pour prendre possession il faudrait dépenser au moins 600 francs pour le voyage. On a négocié quelques Banco de 3 fr. 50 à 4 francs. La part Crédit Provincial est descendue à 3 fr. 50 ; l’action est offerte à 25 francs. La Part Tunisienne est faible à 5 fr. 50. Pas d’affaires sur le Comptoir Belge. Tous les cours des petites valeurs de spéculation sont très bas en ce moment et une surprise pourrait se produire avant la fin du mois sur quelques-unes.

Depuis 1889 les actions de Panama sont l’objet tantôt de reports, tantôt de déports perçus sur les malheureux qui s’obstinent à espérer une reprise sur ces titres.

Ces valeurs dépréciées sont achetées parfois avec des bordereaux antidatés par des négociants sur le point de faire faillite, qui veulent dissimuler l’origine de leur déficit. C’est comme le marché du Temple de la Finance !

XVII. — La Haute-Banque ne provoque pas directement les crises de Bourse : le jeu de bascule régulier que nous