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avaient aussi organisé un Trust de ce genre, 1'Imperial loan corporation, qui n’était qu’un paravent pour leurs spéculations personnelles sur les fonds sud-américains, portugais et espagnols[1].

Les grands financiers agissent sur l’épargne publique absolument comme une pompe aspirante et foulante. Nous venons de décrire leurs manœuvres pendant ces périodes d’excitation où le public a l’attention tournée vers la Bourse et où toutes les classes de la société se laissent entraîner par des perspectives de gain fantastiques. L’agiotage, avec ses manœuvres de toute sorte, se donne alors pleine carrière. La fièvre qui s’était emparée du pays pendant les années 1879, 1880, 1881 ne sera jamais oubliée par ceux qui en ont été les témoins. Mais les périodes de calme, de dépression qui suivent et durent quelquefois plusieurs années, sont non moins favorables aux grands financiers. Ils sèment avec assurance pour récolter plus tard, en achetant à bas prix les valeurs sur lesquelles ils réaliseront plus tard de gros bénéfices (§ 13).

Les guerres, avec les grands emprunts qu’elles entraînent, sont particulièrement avantageuses pour les financiers qui peuvent emmagasiner pendant de longs mois des stocks considérables de valeurs, et ne sont pas obligés, comme les sociétés de crédit ou les spéculateurs de second ordre, de trouver une plus-value dans leur portefeuille à chaque inventaire semestriel.

La campagne de hausse menée par la Haute-Banque allemande en 1888-89 sur les valeurs sidérurgiques et houillères a été suivie en 1890 et 1891 d’une campagne de baisse, qui lui a été fort profitable selon un écrivain bien informé[2]. Des causes économiques, telles que la diminution du mouvement commercial général et la liquidation des pertes faites dans les spéculations sur les valeurs argentines, les fonds

  1. V., dans the Economist, 30 janvier 1892, later Phases of the Trust crazes.
  2. V. M. A. Raffalovich, dans le Journal des Economistes, janvier 1891. Cf. the Economist, 2 novembre 1889.