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exprimés par des chiffres supérieurs : c’est une rectification que chacun comprend. Il n’y en a pas moins une augmentation réelle dans la quantité des capitaux. Quoiqu’inégalement réparti, cet accroissement n’a nullement empiré la condition des classes qui doivent demander leur subsistance journalière au travail manuel. A être prolétaire, il vaut beaucoup mieux l’être dans une société riche et dense que dans un milieu pauvre et dépourvu. Les emplois du travail sont plus réguliers et les salaires plus élevés. L’état d’équilibre d’une population agricole assez nombreuse pour avoir la commodité des arts essentiels, tout en ayant assez de terre pour occuper tous ses membres, sans sacrifier les jouissances dues à l’abondance des productions spontanées du sol, cette heureuse condition n’est dans l’histoire qu’un point où il est impossible de s’arrêter : la grande loi providentielle des générations humaines le fait bien vite dépasser. C’est grâce à ses énormes accumulations de capitaux que la Grande-Bretagne peut, en 1890, nourrir 34 millions d’habitants tandis qu’elle en avait au plus 5 millions au commencement du dix-septième siècle. L’accroissement de la fortune des classes hautes et moyennes, loin d’avoir déprimé la condition du peuple, est au contraire la cause directe, la cause mécanique, allions-nous dire, de son amélioration : car ces capitaux recherchent le travail, le payent mieux et le rendent plus productif en s’associant avec lui moyennant un taux d’intérêt réduit. Ce sont là des notions élémentaires qu’il ne faut jamais perdre de vue quand on parle de capitalisme, de société capitalistique.

Avant d’aborder l’examen des moyens par lesquels ces capitaux se sont accumulés aux mains des industriels, des propriétaires fonciers, des commerçants, des capitalistes proprement dits ou détenteurs de valeurs mobilières, nous voulons