Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/387

Cette page n’a pas encore été corrigée

du cours de ce jour-là à 2 heures. On l’appelle le cours de compensation, et, à Londres, fixed price. Avant ce moment des luttes très vives s’engagent entre acheteurs et vendeurs pour faire incliner ce cours dans le sens qui leur est favorable[1].

Les spéculateurs à la hausse, qui achètent dans les hauts cours et courent de grands risques de ce fait, les atténuent en faisant en même temps des ventes de primes qui leur sont abandonnées au cas où les cours baissent. De même ceux qui réalisent des valeurs par des ventes au comptant cherchent à maintenir les cours par des achats de primes, sauf à les abandonner, si les cours baissent.

Les marchés à prime sont donc une sorte d’assurance. Seulement, tandis que cette combinaison a sa raison d’être sur les marchés de marchandises, à la Bourse, elle ne sert que l’agiotage proprement dit[2]. Elle permet d’opérer sur des quantités considérables avec des capitaux restreints et de réaliser parfois d’énormes bénéfices. Elle tend parfois à fausser la cote, comme on vient de le voir par l’exemple précédent.

Vente d’une grosse prime et achat d’une plus faible au double et au triple, échelle de primes, appuyée ou non sur des opérations fermes, etc., ce genre de transactions est l’essence

  1. A Paris, il est dans l’usage de ne faire que des marchés à primes dans lesquels l’acheteur seul a le droit d’abandon (call option). Sur les autres places, à Londres, par exemple, il y a deux autres sortes de marchés à primes : dans la première, c’est le vendeur et non l’acheteur qui a droit d’annuler l’affaire moyennant l’abandon au profit de l’acheteur de la prime convenue ; c’est ce qu’on appelle put option ; c’est une prime pour livrer. Naturellement, il vend au-dessous du cours du terme ferme à pareil jour. Dans la seconde, l’un des deux contractants a droit, moyennant une prime qui en tout cas appartient à l’autre, de se déclarer à un jour convenu acheteur ou vendeur de rentes dont le prix et la quantité ont été déterminés lors de la conclusion de l’affaire. Cette dernière sorte de marché s’appelle put and call option ou stellage. V. Arthur Crump, the Theory of Stock Exchange speculation, pp. 24-29.
  2. Tout en reconnaissant que les primes ou puts and calls ne servent guère en fait qu’au jeu de Bourse, l’écrivain américain Gibson donne ces deux exemples d’un emploi rationnel qui en peut être fait : « Un marché à prime pour livrer (a put) peut servir d’assurance à un capitaliste contre une baisse violente des valeurs qu’il possède. Un marché à prime pour livrer (a call) peut être fait par un acheteur riche, dont les fonds ne sont pas actuellement disponibles, mais qui peut désirer être à même de s’assurer une certaine quantité de titres à un prix fixe, si, à l’époque de la réponse des primes, ils ne sont pas à un cours plus bas. » Op. cit., p. 97.