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début les reports sont bas et les haussiers peuvent, par la plus-value des titres, supporter les frais qu’ils entraînent ; mais quand cette plus-value s’arrête, ou seulement que les cours se tassent, la multiplication des reports et des courtages à chaque quinzaine devient ruineuse.

Les reports en soi constituent un moyen de crédit pour les personnes qui ont besoin d’argent, et un emploi de fonds pour les capitalistes qui veulent les engager seulement à brève échéance et se contentent d’un intérêt modéré. Aussi les moralistes ne peuvent les condamner d’une manière absolue[1] ; mais, en fait, il faut bien se dire que les capitaux ainsi employés servent à peu près exclusivement à soutenir les campagnes de hausse que font périodiquement les grands spéculateurs et qui sont forcément suivies d’une réaction aux dépens de l’épargne.

Toutes les grandes sociétés financières, le Crédit foncier en tête, y emploient leurs dépôts ; les grandes compagnies d’assurances et de chemins de fer font fructifier ainsi les sommes qu’elles tiennent en réserve pour pourvoir au paiement de leurs dividendes et intérêts[2]. L’économiste se demande si l’emploi de ces sommes en escomptes commerciaux ne serait pas plus utile aux affaires et si cet emploi constant d’une partie considérable des épargnes nationales, pour faire hausser les valeurs de Bourse, constitue un état économique sain. Le remède est dans le développement des reports sur les marchandises.

XI. — Une autre opération fort employée par les spéculateurs consiste dans les marchés à prime.

Les marchés à terme sont fermes quand les deux parties se sont engagées, le vendeur à livrer les titres à la liquidation,

  1. La Banca artistica-operaia e cassa di risparmio de Rome, fondée avec les bénédictions du Saint-Père, dans l’art. 21 de ses statuts, indique parmi les emplois de ses fonds disponibles, avec les dépôts en banque et les prêts sur titres, les reports faits avec les instituts de banque, les sociétés et les personnes notoirement solvables.
  2. C’est pour cela que, toutes choses pareilles, le taux des reports est toujours un peu plus élevé avant les échéances des 1er janvier, ler avril, 1er juillet, 1er octobre, époques les plus usuelles du paiement des coupons.