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Leur industrie consiste à acheter quand les cours sont bas et qu’ils présagent une hausse, à vendre quand ils veulent réaliser un bénéfice sur leurs achats ou prévoient une baisse.

Leur utilité est évidemment moins grande que pour les approvisionnements de marchandises et si, au lieu de marchands de titres, il n’y avait que de simples intermédiaires des transactions, comme les agents de change le sont… en théorie…, les choses n’en iraient peut-être que mieux. Mais un commerce de ce genre, avec les spéculations qu’il comporte, est légitime et il s’est partout constitué spontanément. Les grands emprunts publics et les émissions de valeurs industrielles, faites en dehors de leur localité d’origine, ont rendu ce commerce nécessaire ou plutôt supposent son organisation.

Il existerait, remarquez-le bien, quand même il n’y aurait qu’une cote au comptant. La cote à terme ne fait que lui donner plus d’amplitude, et beaucoup de financiers expérimentés, notamment M. P. Leroy-Beaulieu, regrettent que pour toutes les valeurs admises à la cote, les obligations de chemins de fer par exemple, notre Bourse ne pratique pas à la fois le terme et le comptant[1].

Les transactions à terme sont l’objet d’une réglementation analogue à celle qui existe pour les ventes de marchandises à livrer, de la part des corporations auxquelles la police de la Bourse appartient ; elles ne peuvent porter que sur certaines quantités, par exemple, à Paris, 1.500 francs de rente pour le 3 pour 100, 25 unités pour les valeurs, et elles doivent se liquider à certains jours (§ 9).

Cette manière d’opérer est conforme aux principes généraux du Code civil sur les obligations et les modalités que les parties sont libres d’y apporter. Elle convient à certaines situations.

  1. La distinction entre les opérations à terme et celles au comptant n’est pas si tranchée qu’il le semble. L’agent de change doit livrer les titres achetés au comptant dans les cinq jours : en fait, il peut prolonger ce délai et courir la chance de se les procurer à un prix plus bas, s’il prévoit une baisse. En Angleterre, sauf pour les Consolidés, toutes les opérations se règlent au prochain jour de liquidation, settlement day, et elles le sont parfois plus exactement que les opérations au comptant en France.