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les pays scandinaves sont dans la dépendance financière de l’Allemagne, et cela explique leur politique.

Le change, ainsi que la balance des importations et des exportations de marchandises, est fortement influencé par les sommes considérables que certains pays doivent à des places étrangères pour les coupons de valeurs dont elles détiennent les titres[1]. C’est à cause de leurs énormes placements en valeurs étrangères que l’Angleterre et la France ont d’une façon constante des excédents si considérables d’importations. Les divers marchés deviennent ainsi solidaires les uns des autres. Les grands emprunts, par exemple ceux que nous avons eu à faire de 1815 à 1817 et de 1871 à 1872, sont en grande partie souscrits par les étrangers. En cas d’embarras momentané d’une place, elle trouve des ressources dans l’envoi et la vente sur les bourses étrangères de ces fonds internationaux. En janvier 1882, au moment du désarroi de la Bourse de Paris causé par la chute de l’Union générale, les valeurs italiennes ayant baissé, une partie importante fut achetée par les banquiers italiens et allemands. Depuis novembre 1890, Londres, fort éprouvé par des spéculations malheureuses sur les fonds argentins, ne cesse de vendre à Paris ses valeurs égyptiennes et à New-York ses valeurs américaines. Quelquefois même de simples écarts de change provoquent des mouvements de valeurs d’une place à l’autre[2]. Les arbitrages de bourse à bourse sont ainsi devenus, avec le change et le taux de l’escompte, l’un des trois grands régulateurs de la balance entre les créances et les dettes

    que nous avons effectués en Espagne dépasse 2 milliards 1/2, si même il n’atteint pas 3 milliards, pouvant se décomposer comme il suit : 1 million en rentes, 1.500 millions à 2 milliards en actions et obligations de chemins de fer et en valeurs industrielles. » Le Marché financier en 1891 (Guillaumin, 1892), p. 113.

  1. D’après Robert Giffen (op. cit., pp. 122-123), le capital étranger placé aux États-Unis aurait été dès 1880 de 25 milliards de francs amenant une dette annuelle des États-Unis vis-à-vis de l’Europe de 1.250 millions de francs.
  2. Par exemple, le 1er mars 1885, le change de Londres sur Paris étant de 25,35 1/2, ce qui est un écart assez considérable au-dessous du pair, les brokers anglais avaient intérêt à acheter à Paris des fonds internationaux, au même cours nominal qu’à Londres ; car sur toutes les remises qu’ils faisaient sur Paris pour les solder, ils gagnaient, grâce au bas cours du change, environ 1/2 pour 100.