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tous les pays. Naturellement ils se rendent acquéreurs des valeurs de ce genre qui leur paraissent les plus avantageuses dans quelque bourse que ce soit. Les capitalistes des pays où les capitaux sont abondants et l’intérêt bas deviennent ainsi les porteurs des rentes et des actions des pays jeunes ou des nations obérées. En fait, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, la Hollande, la Belgique et la Suisse sont les créanciers du reste du monde.

Actuellement, MM. Leroy-Beaulieu et Neymarck estiment à 20 milliards de francs les valeurs étrangères que nous possédons. D’après M. Robert Giffen, les valeurs étrangères et coloniales possédées en 1885 dans la Grande-Bretagne rapportaient à leurs propriétaires plus de 2 milliards et 200 millions de francs par an, ce qui supposerait un capital d’environ 40 milliards de francs. Cela constituait un accroissement de 7 milliards sur les sommes engagées de cette manière par les capitalistes anglais en 1875, à raison d’à peu près 750 millions par an et cet accroissement a continué. Le chiffre est assez beau pour que, malgré les 3 ou 4 milliards perdus par eux dans l’Amérique du Sud, la position financière de l’Angleterre ne soit pas compromise.

Un dixième des actions et obligations des chemins de fer français appartient à des Anglais, qui y voient des titres d’une sûreté égale aux leurs et rendant 1/2 ou 3/4 pour 100 de plus par an. Les rentes russes sont détenues par les capitalistes allemands et français, les actions et obligations des chemins de fer des États-Unis par les capitalistes anglais ; la rente italienne est en grande partie placée en Allemagne et en France[1] ; les fonds égyptiens sont la valeur favorite des Anglais et des Français. La France a fourni à l’Espagne tout le capital de ses chemins de fer et s’est chargée d’une bonne partie de sa dette publique[2]. L’Autriche-Hongrie et

  1. D’après une étude présentée par M. Alf. Neymarck en 1891 à la Société de statistique de Paris, la France posséderait pour 2 milliards 600 millions de francs de valeurs italiennes, l’Angleterre pour 290 millions environ, l’Allemagne pour 430 millions.
  2. « Nous estimons, dit M. A. Raffalovich, que l’ensemble des placements