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soit comportant une sécurité absolue, soit ayant des chances de plus-value compensées naturellement par des aléas correspondants. Ils forment la contre-partie des fondateurs de sociétés anonymes, des gouvernements emprunteurs, enfin des spéculateurs proprement dits qui s’interposent entre eux et ces emprunteurs, ces fondateurs.

Les capitalistes n’achètent des titres qu’à leur moment et par fractions relativement petites. Les souscriptions publiques aux grands emprunts nationaux ne provoquent même une sortie extraordinaire de l’épargne que dans des proportions forcément limitées (chap. x, § 6). Aussi à côté d’eux, ou plutôt en face d’eux, il s’est de bonne heure établi des commerçants en titres qui sont constamment approvisionnés de valeurs mobilières et sont prêts à les acheter ou à les vendre à certains prix. Ce sont eux qui soutiennent le marché et font que pour certaines valeurs (celles que l’on appelle à New-York active securities) les capitalistes trouvent toujours à en acheter ou à en vendre. Pour les valeurs classées comme inactive securities, au contraire, il faut qu’ils trouvent une contrepartie par une heureuse coïncidence. Ils sont dans une position à peu près semblable à celle de la personne qui a une terre ou un cheval de luxe à vendre. En soi, — et en faisant abstraction des manœuvres frauduleuses dont il est trop souvent l’occasion, — ce commerce est aussi légitime que tout autre, et il est, on vient de le montrer, utile aux consommateurs, c’est-à-dire aux capitalistes.

On dit d’une valeur qu’elle est classée, quand elle est sortie des mains des marchands de titres, pour arriver dans les portefeuilles des particuliers qui la gardent comme placement.

Les expressions usitées dans les bourses anglaises (stock dealers) et les pratiques qui y sont usitée (§ 7) mettent bien en évidence la fonction propre des négociants en titres. On leur donne habituellement le nom de spéculateurs ; car la source de leurs profits est dans les différences en hausse ou en baisse des cours, et, comme tous les négociants, ils doivent, pour gagner, [fin page340-341]