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politiques et économiques sur lesquels ils fondaient leur jugement.

M. de Foville évalue à environ 70 milliards le chiffre des valeurs mobilières de toutes sortes possédées par les Français en regard de 80 milliards attribués à la terre, de 40 milliards à la propriété bâtie et de 10 milliards pour les meubles proprement dits et l’outillage qui n’est pas représenté par des actions ou des obligations. A la même époque, M. Robert Giffen évaluait le capital possédé par les Anglais ainsi qu’il suit : la terre, à 42 milliards de francs ; la propriété bâtie, à 48 milliards ; les valeurs industrielles, nationales et étrangères ainsi que les fonds publics étrangers, à 115 milliards ; les fonds publics anglais nationaux et locaux, à 25 milliards : enfin, les meubles et l’outillage non compris dans les calculs ci-dessus de 20 à 25 milliards. Tout approximatifs qu’ils soient, ces chiffres donnent une idée de l’importance qu’ont les valeurs mobilières dans les fortunes modernes[1].

Une partie de l’épargne annuelle est absorbée par ces placements divers. En France, à partir de 1852, époque où les valeurs mobilières se sont, multipliées, les prêts hypothécaires sont devenus plus rares, et le paysan lui-même a moins acheté la terre dans les départements où les annonces de souscriptions publiques aux emprunts et où les réclames gouvernementales en faveur des obligations du Crédit foncier ont eu prise sur lui. Depuis que les produits agricoles ont commencé à se mal vendre, la somme des capitaux qui s’engagent annuellement dans le sol sous forme d’améliorations foncières a encore diminué, et une partie plus considérable des épargnes s’est rejetée sur les valeurs mobilières. Cette cause, qui n’est pas en rapport avec un progrès véritable de la richesse publique, a contribué puissamment à la hausse des rentes et, par contre-coup, à celle de toutes les autres valeurs.

III. — On entend par capitalistes, au sens exact du mot, les personnes qui cherchent à faire des placements permanents,

  1. De Foville, De la fortune mobilière de la France, dans l’Economiste français des 14 juillet, 4 août et 15 septembre 1888, et la France économique (2e édit. 1890), p. 519. Robert Giffen, the Growth.of capital (London, 1889).