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du marché des valeurs et c’est de celle-là seule que nous nous occupons dans ce chapitre.

II. — Les fonds publics nationaux, certains fonds étrangers, les titres des emprunts émis par les villes et les autres organes du gouvernement local, les actions et obligations représentant les entreprises industrielles organisées en sociétés anonymes, voilà la matière des transactions de la Bourse. Ces divers éléments y figurent dans des proportions variables suivant qu’un pays a une dette publique plus ou moins considérable. Il en résulte des différences très grandes dans la situation économique des peuples ; mais, au point de vue qui nous occupe, Wall Street à New-York, a dans les valeurs de chemins de fer et des trusts industriels une matière à spéculation aussi abondante que le Stock-Exchange de Londres avec les fonds publics étrangers et la Bourse de Paris avec la rente française[1].

Dans les pays anciennement riches, une masse considérable de capitaux cherchent à se placer d’une manière permanente dans les valeurs mobilières. C’est là le support du marché, et, à la longue, c’est l’opinion des vrais capitalistes qui détermine le prix de ces valeurs.

Dans ces placements, les capitalistes sont déterminés par le revenu annuel que donne l’entreprise ou le fonds d’État dans lequel ils entrent et aussi par la plus-value qu’ils espèrent du développement de l’entreprise ou de l’amélioration du crédit de leur débiteur. Il y a là matière à une spéculation, c’est-à-dire à un exercice de la prévoyance, fort légitime. Ceux qui ont acheté de la rente italienne pendant la guerre de 1866 à 40 francs ou des actions de Suez à 250 francs en 1859 ont été récompensés de la justesse de leur appréciation des éléments

  1. Il résulte d’une statistique dressée à la Banque franco-russe, en 1889, que sur 162 milliards de francs de valeurs mobilières cotées à la Bourse de Londres et sur 94 milliards cotés à la Bourse de Paris : à Londres à Parisla part des fonds d’États, de provinces et de villes estde 58 0/0 71 0/0 la part des chemins de ferde 31 0/0 20 0/0 la part des entreprises diversesde 11 0/0 9 0/0 citée par Ad. Coste au Congrès de l’Association française pour l’avancement des Sciences à Paris en1889.