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passés par la Société des métaux avec les 37 mines, et elle eût dispensé le cuivre dans le monde entier, en en réglant la production et les prix d’une manière uniforme. Le télégraphe apportait, dit-on, l’adhésion des mines américaines le jour même du suicide de Denfert-Rochereau !

Une pareille combinaison de forces pouvait-elle se maintenir ? Peut-être, si elle eût été modérée. C’est au moins ce que disait, le 21 octobre 1888, un écrivain financier, M. Georges de Laveleye, dans le Moniteur des intérêts matériels, car ce n’est pas un des traits les moins caractéristiques du temps que cette discussion par la presse et cette élaboration en public de pareils plans.

M. Matheson avec le Rio-Tinto et M. Secrétan avec sa Société des métaux seront à deux de jeu et toute la question est de savoir qui sera le plus fort, en d’autres termes, auquel des deux le cuivre coûtera le moins. Pour le Rio, et plus généralement pour toutes les mines, le cuivre étant au-dessous de 50 livres st., elles sont dans une position fâcheuse ; à 40 livres st., elles se ruineraient à prolonger la lutte.

Le compte du syndicat est plus difficile à établir.

En tenant compte des bénéfices réalisés, il pourrait vendre son stock actuel à 46 liv. st…

On compte avec quelqu’un qui possède 200.000 tonnes de cuivre à 46 livres st. et qui peut vous empêcher de vendre le métal nouvellement extrait. On compte et on entre en composition.

Le Syndicat pourra alors, par la seule force de sa volonté, par sa seule action sur les mines du monde entier, régler l’avenir.

Ou bien, il continuera la spéculation à outrance, fixera un nouveau prix élevé pour l’achat de la production illimitée des mines syndiquées et cherchera à faire accepter par les consommateurs un prix de vente élevé.

Ou bien il se modérera, imposera aux producteurs de réduire la production de 20 à 25 p. 100, de rétablir ainsi l’équilibre entre cette production et la consommation, telle que sera cette consommation avec le cuivre à 65 et 70 livres st. maximum, et le marché du métal sera régulièrement et solidement reconstitué. Nous ne disons pas que tout cela arrivera ; mais cela peut arriver, si les intéressés français, anglais et allemands ne se mettent pas d’accord ces jours-ci pour réaliser préventivement l’un ou l’autre de ces programmes nouveaux. [fin page326-327]