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qu’ils avaient faites au début de la spéculation.

Le directeur du Comptoir d’escompte, Denfert-Rochereau, entraîné de plus en plus, accepta, avec la complicité au moins tacite des membres du conseil d’administration, de faire des avances jusqu’à concurrence de plus de 130 millions gagés par des warrants sur 82.457 tonnes de cuivre à la fin de 1888, sans exiger, conformément aux statuts, les marges qui auraient couvert le Comptoir. Ces avances furent continuées encore dans les premiers jours de janvier 1889 jusqu’au 5 mars où le suicide de Denfert-Rochereau amena l’effondrement du Comptoir et celui de la Société des métaux.

Bien des mois avant la catastrophe, le syndicat français avait compris qu’il ne pouvait à lui seul dominer le marché du cuivre dans le monde. Il fallait compter avec les financiers anglais et même allemands, surtout avec le Rio-Tinto, dont M. Matheson de Londres était le président, enfin avec des mines américaines restées en dehors de l’opération. Les six derniers mois de 1888 et les deux premiers de 1889 furent employés à nouer un accord entre tous ces éléments, à l’exception de M. de Bleichrœder, qui avait rompu nettement les pourparlers. Cette vaste combinaison, qui aurait répété sur de plus grandes proportions les opérations françaises, eût dominé le marché du cuivre pendant plusieurs années. Elle reposait sur la fondation en Angleterre d’une société anonyme, la Metal corporation, dont le capital de 75 millions de francs et le personnel administratif eussent été fournis dans de certaines proportions par la Société des métaux et son groupe, par des financiers anglais, par des représentants des principales mines, notamment des mines américaines. M. Matheson, le président du Rio-Tinto, en eût été le président. La Metal corporation devait reprendre une partie du stock de cuivre que la Société des métaux était impuissante à détenir. La Société des métaux ayant seulement dans ses attributions, outre son exploitation industrielle, l’approvisionnement du marché français, la Metal corporation eût pris pour douze ans la suite des marchés