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de vingt millions :la Dynamite française, la Dynamite espagnole, la Société italo-suisse, la Dynamite vénézuélienne, la Dynamite du Transwal et trois autres sociétés moins importantes situées en France et en Italie. Elle possède assez d’actions de ces différentes sociétés pour être maîtresse absolue de leur direction. Elle fait au besoin des avances à celles qui sont momentanément embarrassées en leur achetant les matières premières qui leur sont nécessaires et en prenant en nantissement des marchandises fabriquées. Par sa constitution en société anonyme régulière, une pareille combinaison échappe à toute nullité civile et à toute incrimination correctionnelle[1].

La plupart des métaux, qui servent de matières premières à de grandes industries, et qui en même temps ne sont pas produits en quantité illimitée, comme le fer, semblent tout spécialement destinés soit aux combinaisons permanentes des producteurs, soit aux opérations d’accaparement. Nous avons vu ce qu’il en est du zinc. Le plomb, l’étain et le cuivre ont été. en 1888, l’objet d’une des plus grandes spéculations qui se soient produites. Nous allons la raconter.

XII. — L’affaire des métaux ou du syndicat des cuivres est un type caractéristique de la spéculation moderne. On y trouve à la fois une concentration industrielle répondant dans une certaine mesure aux nécessités de la technique actuelle, un vaste accaparement de la matière première cherchant à embrasser le monde entier, une campagne d’agiotage menée parallèlement sur les actions des mines de cuivre et des sociétés industrielles, campagne dans laquelle le public, ou tout au moins les cercles de Paris, se sont laissé entraîner, la toute-puissance que quelques individualités audacieuses peuvent s’arroger dans le gouvernement des sociétés anonymes, enfin une catastrophe finale qui a montré que les lois économiques sont plus sûres dans leur action que les lois pénales.

  1. Naturellement un kartel unit toutes les fabriques de dynamite de l’Allemagne.