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comme un obstacle absolu aux combinaisons industrielles. A la fin de 1891, le syndicat des cokes de Westphalie s’est entendu avec quelques fabriques belges et le groupe français de Longwy pour fixer des prix proportionnels. Ces faits-là autorisent à prévoir que, dans certaines industries qui partout sont très concentrées, un accord international pourrait s’établir entre des syndicats nationaux. Le syndicat international réglerait la production dans le monde entier et fixerait dans les divers pays les prix de vente en tenant compte de la protection douanière accordée par chaque gouvernement à ce genre de produits.

Un pareil accord sur les sucres ne paraît guère possible à cause de l’extrême abondance de sa production pour laquelle tous les pays peuvent concourir. Mais le pétrole, nous l’avons vu, est tout entier, aux États-Unis, entre les mains de la Standard Oil C°. Cette puissante organisation étend ses tentacules jusque sur l’Allemagne et l’Ecosse. Elle est entrée en relations avec des maisons de Brême et de Hambourg et elle a commandité avec elles la German american Petroleum Company, qui a des dépôts de pétrole non seulement dans les ports allemands, mais à Berlin, à Dresde, à Stettin et dans d’autres villes[1]. Les raffineries de pétrole écossaises sont dans la dépendance absolue de la Standard Oil Company et se plaignent qu’elle sacrifie leurs intérêts particuliers aux siens[2]. C’est qu’en effet, loin d’élever les prix du pétrole, le grand trust américain les abaisse constamment pour pouvoir dominer les marchés européens et produire sur des proportions de plus en plus grandes. Il rencontre en effet une concurrence. Le pétrole de Galicie est possédé par les Rothschild de Vienne, celui du Caucase par les Rothschild de Londres. Ces puissances, qui se sont fait jusqu’ici concurrence, ne pourront-elles pas un jour s’entendre[3] ? La production du pétrole dans l’Inde et la

  1. The Economist, 26 décembre 1891.
  2. The Economist, 16 et 23 janvier 1892.
  3. Il y a déjà eu plusieurs fois des pourparlers entre les Rothschild et la Standard Oil Co, pour arriver à cette combinaison gigantesque. V. the Economist, 4 et 25 juillet 1891.