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c’est-à-dire la tentative de priver des moyens de travailler un patron ou un ouvrier. Cette distinction des lois américaines est fort juste ; car elle ne confond pas la défense de soi-même avec l’action offensive contre autrui et punit seulement la seconde. Les récents statuts contre les monopoles des employeurs n’ont pas fait cette distinction. Or, le propre des lois excessives est de ne pas être appliquées ou de ne l’être qu’irrégulièrement sous l’influence des poussées de l’opinion.

IX. — Les trusts sortiront-ils plus forts de cette épreuve ou bien ne sont-ils qu’une phase passagère dans le mouvement industriel aux États-Unis ?Les opinions sont fort partagées. M. Andrews, président de Brown University, dans un mémoire lu devant la Social science association, pense qu’ils se consolideront, tant les avantages de la concentration sont grands. M. Carneggie, au contraire, qui est un industriel pratique, estime que les trusts et les kartelle ne peuvent se maintenir qu’à la condition d’être extrêmement modérés et de ne pas dépasser les prix auxquels la concurrence naturelle fixerait leurs produits. Si un syndicat les dépasse, il multiplie les concurrents ; il les achètera, dit-on ; soit ; mais c’est une surexcitation donnée à la création de nouvelles entreprises et l’échec final est fatal. M. Carneggie indique le grand nombre de tentatives de ce genre qui ont échoué. Les seules qui aient réussi le doivent soit à des circonstances naturelles particulières, comme la Standard oil Company, soit à des hommes d’une valeur exceptionnelle, et une fois ceux-ci disparus, cette œuvre artificielle s’écroule. Ce sont les mêmes conclusions que celles de M. Eudore Pirmez.

Il est plusieurs causes, les unes d’un caractère accidentel, les autres touchant au fond de la constitution sociale, qui ont rendu possibles de pareilles coalitions de capitaux aux États-Unis et qui leur donnent une puissance redoutable.

Les chemins de fer ont été constitués uniquement sous le régime de l’entreprise privée. En vertu de droits acquis, les compagnies sont évidemment libres de gérer leurs transports au mieux de leurs intérêts. Mais l’inconvénient de ce régime