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qui vendaient des sucres bruts aux raffineries ne faisant pas partie de la combinaison[1].

Sans doute, malgré ces manœuvres, quelques établissements ont pu se maintenir en dehors des trusts ; mais, comme ces syndicats fournissent presque complètement le marché, les satellites qu’ils consentent à laisser vivre bénéficient pour leur part de ce monopole, en vendant aux prix fixés par eux et les avantages de la concurrence n’en sont pas moins supprimés pour le public.

La plupart des trusts ont réalisé des profits considérables et les Shares trusts ont acquis à la Bourse, où elles sont régulièrement cotées, une valeur bien supérieure à la valeur primitive des établissements associés.

Cependant les défenseurs des Trusts ont fait remarquer que ces bénéfices étaient dus moins à leur monopole défait, toujours menacé par la concurrence, qu’aux bons effets d’une direction commerciale unitaire, à des progrès réalisés dans l’outillage, à la suppression de frottements inutiles, à l’élimination d’établissements mal outillés[2]. Le Cotton oil sheed trust a sur les chemins de fer un outillage de 500 wagons spéciaux à lui. Le Standard oil trust a démontré que les prix du pétrole raffiné avaient baissé depuis qu’il fonctionnait et il a prouvé qu’il avait contribué puissamment à maintenir au pétrole américain son marché en Europe (§ 11). Sans le trust, il aurait été complètement supplanté par le pétrole de Galicie.

Cette habile défense n’a pas ramené la faveur publique à ces combinaisons. A la suite des enquêtes parlementaires et des dénonciations de la presse, les cours de justice se sont montrées fort sévères à l’égard des trusts et elles ont annulé impitoyablement et sans distinction tous les accords relatifs à la conduite de leurs affaires passées entre des sociétés anonymes ou corporations, comme on les appelle.

  1. The Nation, 5 juillet 1888.
  2. L’Alcali-Union, par exemple, qui est un syndicat de fabricants anglais de produits chimiques, a créé des relations directes pour l’exportation aux Etats-Unis et a cessé de s’adresser aux maisons de commission de Liverpool pour placer ses produits. V. the Journal of commerce, de Liverpool, du 24 juillet 1891.