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loi à la fois aux consommateurs et aux producteurs. Ces derniers ont tenté, mais sans succès, de fonder une société coopérative ; mais, si réellement cette compagnie porte sans raison le prix aussi haut qu’on le dit, la société coopérative doit finir par réussir. C’est là le vrai remède à l’action des syndicats. L’enquête canadienne, après avoir constaté que toutes les compagnies d’assurances contre l’incendie qui opèrent dans le pays, qu’elles soient américaines, anglaises ou canadiennes, ont un tarif commun (comme du reste cela existe en France), ajoute qu’elles sont tenues en échec par les sociétés d’assurances mutuelles.

B. — Cette même enquête montre comment des coalitions de commerçants de divers degrés, en imposant des conditions défavorables à leurs concurrents, arrivent à se créer un monopole de fait :

La Dominion Grocers Guild, fondée à Montréal en 1884, se donnait au début seulement pour but de fixer des conditions uniformes de crédit et d’escompte et de pourvoir à d’autres intérêts collectifs semblables ; mais, quand elle a eu embrassé les 95 pour 100 des épiciers, confiseurs et fabricants de biscuits des provinces d’Ontario et de Québec, elle a écrasé tous ses rivaux en passant un marché avec les raffineurs de sucre par lequel ceux-ci s’engagent à ne vendre du sucre aux épiciers étrangers à la Guilde qu’à un prix notablement supérieur. Des marchés semblables ont été passés avec les fabricants de tabac, d’amidon, d’indigo, avec les importateurs de riz et ont permis à la Guilde de fixer ses prix de vente comme elle le voulait, sans laisser bénéficier le public de la baisse qui s’est produite sur la plupart de ces marchandises. Une fois son monopole constitué, elle n’a plus admis que fort difficilement de nouveaux membres et a expulsé de son sein tous ceux qu’elle soupçonnait de ne pas observer strictement ses règlements.

A Toronto, six importateurs de charbon ont noué un pacte avec cinquante marchands de la province d’Ontario, par lequel ils livrent à ceux-ci leur charbon à 75 cents de moins par tonne qu’aux marchands étrangers à l’association. Cette différence enlève à ces derniers tout bénéfice et les obligea quitter la partie. La constitution de l’association est très rigoureuse ; on n’y entre qu’en versant un droit de 120 dollars ; des inspections minutieuses sont faites par le comité directeur chez les marchands associés ; des serments sont