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principe de morale ne peut d’ailleurs être opposé à des organisations industrielles de ce genre, tant qu’elles ne cherchent pas à détruire systématiquement ceux qui se refusent à entrer dans leur combinaison (chap. vi, § 8).

La législation a d’autant plus tort d’entraver la formation de ces combinaisons industrielles que la liberté générale de l’industrie a suffi pour les maintenir dans les limites de la justice, au moins en Europe, et que, quand elles ont voulu abuser de leur monopole, la concurrence a promptement accompli son œuvre. C’est ce qu’établissait un homme d’État belge fort distingué, M. Eudore Pirmez, dans une note qu’il voulut bien écrire pour nous peu de jours avant sa mort :

Le syndicat des zincs est aussi étendu que peu serré ; il s’étend à tous les pays industriels, de la Silésie à l’Atlantique, et je crois qu’il est unanimement adopté. La seule charge qu’il impose à ses adhérents est de conserver sans augmentation chacun sa production telle qu’elle existait lors de l’arrangement ; mais l’association s’est réservé d’autoriser l’augmentation de production pour toutes les usines. Ainsi, bien que le syndicat soit récent, une augmentation de 5 p. 100 a été admise. Ce syndicat avait surtout pour but d’empêcher une baisse des prix due à une production dépassant les besoins et il s’est attaqué non aux effets, mais à la cause même dont il redoutait l’action. Une hausse assez considérable si l’on compare les prix de vente s’est cependant produite. Mais si l’on comparait les prix de revient depuis le syndicat, on constaterait que deux éléments très importants les ont augmentés considérablement, le charbon et la main-d’œuvre. Les producteurs de zinc sont d’ailleurs absolument libres de fixer individuellement leur prix de vente………………

L’exemple le plus intéressant est peut-être ce que firent les fabricants de verres à vitre belges vers 1873. Les prix du verre étaient extrêmement élevés. Les maîtres de verreries pensèrent qu’ils pouvaient encore avantageusement les faire monter. L’entente était favorisée entre eux par cette circonstance que cette industrie est concentrée presque tout entière dans les environs de Charleroi. Il fut convenu que le propriétaire de tout four en état d’être activé qui ne marcherait pas recevrait une indemnité de 2.000 francs par mois, somme énorme si on considère ce que valait un four à cette époque. Les résultats de la mesure furent d’abord merveilleux et jamais industrie ne traversa plus splendide passe ; mais la joie fut