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est aussi considérable que le coton. Cette dernière expérience sera une leçon utile, mais qui n’empêchera pas vraisemblablement des gens aventureux d’essayer de réussir là où tant d’autres ont échoué[1].

Au commencement de 1890, un pool s’est formé sur l’argent aux États-Unis avec le concours des Baring de Londres. Il a eu pour résultat de faire monter en quelques mois le cours de l’once de 42 1/2 pences à 54. Son procédé consistait à détenir tous les stocks d’argent et à ne les écouler que par petites fractions. Le pool comptait faire voter par le Congrès le libre monnayage du métal blanc : il n’a pu y réussir complètement et dès lors son prix abaissé à 44 pences, prix qui paraît à peu près en rapport avec les conditions du marché. Ça été le premier coup porté à la fortune des Baring ; mais quelques-uns des grands spéculateurs américains, qui avaient lancé cette opération, n’ont-ils pas retourné leur position à temps ?c’est une autre question[2].

III. — La même question se pose à propos du colossal accaparement, qui s’est produit au milieu de 1886 sur les cafés et qui s’est continué pendant les années 1887 et 1888, de manière à porter les prix du Santos, type régulateur, de 70 francs à 155 francs. Cela a fini, comme toujours, par un krach.

En 1888-1889, le syndicat dit de Magdebourg, où une grande maison française opérait de concert avec les banquiers allemands et anglais, a relevé le prix du sucre sur tous les marchés d’environ 33 p. 100 et par une réaction fatale a provoqué un brusque effondrement des cours en juillet 1889. La Caisse de liquidation de Magdebourg dut renvoyer au 14 septembre le règlement de toutes les affaires. La haute

  1. Pour échapper à l’élévation des prix du coton sur le marché de Liverpool, pendant le temps où le corner l’a dominé, les filateurs autrichiens, qui auparavant achetaient leur coton à Liverpool et le faisaient arriver par Hambourg, ont fait de grands achats directement aux Indes et les ont fait venir par Trieste. (The Economist, 12 octobre 1889.) C’est un exemple frappant des ressources que la concurrence offre aujourd’hui pour déjouer les plus puissantes combinaisons d’accaparement.
  2. V. the Economist du 8 novembre 1890.