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en investissant les commissions exécutives, au cas où l’on exige de nouvelles marges du droit de déterminer la valeur des produits sur lesquels portent les contrats sans tenir compte des prix fictifs qui pourraient être allégués : de même, au cas de non-livraison à la date du contrat, la commission doit régler la différence due par le vendeur à l’acheteur d’après le cours du jour de la liquidation ; « étant toutefois entendu que cette disposition n’autorise pas des réclamations d’un caractère extortionate d’après des cours manipulés précisément en vue de servir de base à des réclamations de ce genre[1]. »

Mais les corporations commerciales américaines usent rarement de ce pouvoir discrétionnaire.

D’une manière générale, il vaut beaucoup mieux, comme on le fait à Roubaix-Tourcoing, exiger ab initio des dépôts élevés et même limiter le crédit ouvert aux personnes qui usent de la caisse, ce qui arrête net les écarts de la spéculation, que d’exiger seulement des marges faibles, comme au Havre, puis, quand les cours montent, de les augmenter beaucoup : cela précipite la ruine des spéculateurs de second ordre et laisse le champ libre aux meneurs du marché[2]. En effet (§ 16), par le seul fait de leur position prépondérante, les gros spéculateurs peuvent influencer momentanément les cours dans le sens de la hausse ou de la baisse. Les principales chambres de commerce allemandes, notamment celle de Brème, en réclamant énergiquement le maintien des Caisses de liquidation, se prononcent en ce sens.

Le petit nombre des types marchands, sur lesquels portent les ventes à terme et qui sont les régulateurs du cours de toutes les autres sortes, facilite souvent les manœuvres de l’agiotage. On a accusé la Caisse de liquidation pour les

  1. Le Cotton Exchange de New-York a une règle en vertu de laquelle « toute transaction faite sur un mois au-dessus du prix auquel ce mois est offert ou au-dessous du prix pour lequel ce mois est demandé, jusqu’à ce que ce qui est offert ait été pris et que ce qui est demandé ait été fourni, ne doit pas être considéré comme le prix du marché pour ce mois et ne doit pas être relaté sur la cote ».
  2. Olivier Senn, Étude sur les marchés à terme, p. 217.