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Les affaires à terme sont regardées, en Allemagne, par les Agrariens, comme la source de tous les maux de l’agriculture. En 1885 ils demandaient qu’on les réprimât au moyen d’un impôt exorbitant. Le Reichstag, après avoir admis le principe d’un impôt spécial sur ce genre d’affaires, fut amené par la force des choses à le fixer seulement à 2/10 p. 1000. Les affaires à terme n’ont point été découragées par ce taux modéré, et cet impôt, qui vaut mieux que beaucoup d’autres, a rapporté, en 1889, 18 millions au Trésor. Les mêmes préjugés, auxquels se joignent les intérêts de certains commerçants, prennent texte des abus commis à Hambourg et à Magdebourg pour réclamer la suppression des caisses de liquidation. Certaines pétitions adressées au Reichstag demandaient même que l’État se chargeât de ce genre d’opérations et instituât une Reichsliquidation Kasse chargée de diriger et de moraliser le marché à terme !

Ce serait absurde ; car, comme les opérations à terme elles-mêmes, la caisse de liquidation est un instrument commercial perfectionné dont l’effet dépend des mains qui le manient. Nous pouvons invoquer dans ce sens l’exemple de la caisse de Roubaix-Tourcoing créée, en 1887, par l’initiative d’un homme éminent, M. Louis Cordonnier. Cette caisse a amené dans cette ville la constitution d’un marché pour les laines peignées, qui fait une utile concurrence à celui d’Anvers, créé pour alimenter l’industrie allemande. La caisse de Roubaix-Tourcoing a réalisé, en outre, sur toutes les autres institutions semblables, un grand progrès en donnant à son conseil d’administration le pouvoir, non pas d’atermoyer toutes les opérations par une sorte de faillite collective, comme on l’a fait à Hambourg et à Magdebourg, mais de prévenir les excès de la spéculation. L’article 14 de son règlement porte ce qui suit sous la rubrique manœuvres illicites :