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apurées par des liquidateurs agréés par ces corporations et placés sous leur surveillance. Les règlements de plusieurs bourses, notamment de celle de Paris, prescrivent l’affichage des filières pendant qu’elles sont en cours. Chaque membre du marché peut prendre ainsi la position qui lui convient : surtout tous les négociants peuvent se rendre compte de la nature et de l’origine des opérations qui sont conclues dans le mois.

Les mêmes négociants figurant sur plusieurs filières, tantôt comme acheteurs, tantôt comme vendeurs, les différences qui leur sont dues et qu’ils doivent se compensent réciproquement jusqu’à due concurrence : après que les bulletins de liquidation leur ont été délivrés, ils se doivent seulement des soldes. Ce procédé, pratiqué jadis sur les foires de Lyon (chap. iii, § 8) aux fameux quatre payements de cette ville, est appelé aujourd’hui clearing par les Anglais et les Américains. Il a été d’abord appliqué à la compensation des engagements des banquiers à Londres et à New-York. Puis les Boards of Trade l’ont employé pour la liquidation des affaires en marchandises et il a été réimporté chez nous. Il est en pleine vigueur à Paris sur les marchés des grains, des graines, des farines, des sucres, des alcools[1]. Le même usage a été introduit à Vienne, à Buda-Pesth, à Berlin, à Brème.

Restait toujours le danger pour la partie qui a contracté sérieusement d’avoir en face d’elle une partie qui s’est engagée au delà de ses moyens. La garantie morale offerte par le courtier qui a fait circuler la filière était insuffisante et l’on a été amené à établir un système de garanties réelles. M. Olivier Senn en expose ainsi les raisons :

1° Les délais pour lesquels se traitent les affaires en marchandises sont souvent très longs : dix mois, un an, plus même ; la situation de la maison avec laquelle on traite peut changer du tout au tout dans cette période.

2° Sur tous les articles traités à terme en grandes quantités, les mouvements, hausses et baisses, sont considérables et rapides. En

  1. Le marché des huiles reste seul à n’avoir pas de liquidation centralisée.