Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/286

Cette page n’a pas encore été corrigée

aux mêmes opérations pour se garantir contre les baisses de prix sur les matières premières, qui surviendraient pendant la durée de la fabrication et entraîneraient fatalement la vente en baisse de leurs produits. Me du Buit expliquait fort bien cette combinaison dans sa plaidoirie pour M. Laveissière, par un exemple tiré de ce qui se passait dans l’industrie des cuivres, pendant la période de dépression qui précéda la campagne de hausse (chap. viii, § 12).

Lorsqu’un industriel avait absolument besoin d’acheter du cuivre, lui qui aurait dû se précipiter sur le cours de 40 livres, il était obligé de s’assurer contre la baisse. Quand il avait besoin d’acheter 1.000 tonnes de cuivre à 40 livres, il les achetait sur le disponible du marché, et le même jour il revendait à terme à découvert à 40 livres les mêmes 1.000 tonnes qu’il avait achetées. Pourquoi ? Son raisonnement était simple : Si le cuivre baisse d’ici à trois mois, il est vrai que je vendrai la marchandise fabriquée avec une baisse de 4 livres, mais je retrouverai sur le rachat de ma vente à découvert l’écart du prix que j’aurai subi au comptant. Si, au contraire, le cuivre monte, ma vente à découvert me laissera une perte ; mais comme je vendrai mon cuivre fabriqué plus cher, je m’y retrouverai. Il faisait donc une opération blanche à découvert, une opération sans résultat, une simple compensation, uniquement pour s’assurer que son bénéfice industriel ne lui serait pas enlevé par la baisse possible.

Dans le courant de 1890, une sorte de laine peignée est tombée de 7fr. le kilog. à 5 fr. 25. Les tisseurs de Roubaix, qui sont obligés d’acheter leurs laines d’avance, n’ont pu éviter les conséquences de cette baisse de la matière première désastreuse pour leurs produits, qu’en faisant des ventes de laines à livrer pour des quantités égales.

Voilà des opérations se réglant par des différences, qui sont juste le contraire du jeu et de l’agiotage, et qu’on ne saurait incriminer. Elles constituent, il faut le reconnaître, de nouvelles méthodes de traiter les affaires correspondant aux conditions des grands marchés modernes d’approvisionnement. Les ventes à terme sont un moyen, dont, comme de toute