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sur les lettres de change ; car l’argent était la seule chose qui eût un marché universel. Mais avec le développement des communications les arbitrages portent aujourd’hui sur les valeurs de bourse et sur les marchandises, qui sont traitées à terme sur un grand nombre de places importantes.

Ces opérations se règlent forcément par le paiement de différences, quoiqu’elles soient fort sérieuses. Elles jouent un rôle important dans le mécanisme des approvisionnements et tendent à la concentration et au développement des marchés. On dit constamment que, grâce à la facilité des communications, les marchandises se répartissent sur les diverses places en raison de leurs besoins et que les prix tendent de plus en plus à se niveler. Cela est très vrai ; mais ces mouvements de marchandises et ce nivellement des cours sont le résultat matériel des arbitrages conçus et combinés par les spéculateurs.

XII. — Les marchés à terme et les règlements par différences sont fréquemment employés comme assurance par les négociants pour se couvrir des risques qu’ils courent.

Dès qu’un importateur de coton au Havre, par exemple, sait que ses agents ont fait des achats à la Nouvelle-Orléans, il doit, pour peu qu’il trouve un prix favorable, revendre à terme cette cargaison. S’il sait ensuite que sa qualité est supérieure à la qualité moyenne et qu’il peut espérer la vendre à un bon prix en disponible, il doit immédiatement couvrir ses ventes à terme par des achats sur le même mois. Il garde ainsi pour lui les chances favorables d’écouler au mieux sa marchandise.

Les engagements que les négociants prennent portent souvent sur des mois éloignés : or, il est imprudent, comme le dit un proverbe commercial très expressif, de rester sur une seule jambe, surtout pendant longtemps. Ceux qui sont sages se couvrent par des opérations en sens inverse ; leurs gains en sont limités ; mais ils ne risquent pas au moins d’être emportés par la première perturbation des cours contraires à leurs prévisions.

Les industriels doivent aussi, dans certains cas, recourir